Vives tensions entre le maire et l’opposition
Lors du conseil municipal de vendredi soir, Gilles Vincent a accusé les élus de la Vague mandréenne de mentir sciemment aux habitants de la presqu’île dans leur « bulletin »
La bouteille de rosé offerte et posée devant chaque élu aurait pu donner le ton du dernier conseil municipal avant les vacances d’été. Mais la perspective de déguster la toute première cuvée du domaine de l’Ermitage les doigts de pieds en éventail, voire de trinquer entre adversaires politiques, n’aura visiblement pas suffi à détendre l’atmosphère de la réunion qui s’est tenue vendredi soir dans l’ancien restaurant scolaire. La faute au vote du budget 2020 de la commune, acte I de la nouvelle mandature de Gilles Vincent ? Même pas : les différences de vues entre majorité et opposition ayant déjà été soulevées avec le rapport d’orientation budgétaire lors du précédent conseil. Pas plus que la désignation des délégués dans le cadre des élections sénatoriales de septembre passage obligatoire et fastidieux - n’a été sujette à discussion. La tension est en revanche montée d’un cran quand, hors ordre du jour, Gilles Vincent s’est adressé au groupe de la Vague mandréenne au travers d’une lettre ouverte. Il s’agissait pour le maire de répliquer au « bulletin d’information municipal » diffusé par les colistiers de Jean-Ronan Le Pen. Un document critique à l’égard de la municipalité que n’a guère goûté - doux euphémisme - le premier magistrat de la commune.
« Vous êtes des bobos-écolos »
« Vous parlez de déni démocratique mais la démocratie est passée et vous a condamnés à siéger pendant six ans dans l’opposition, a attaqué le maire. Il faut arrêter de tenir des propos irresponsables maintenant : la campagne est terminée. » Et Gilles Vincent de répondre à chacun des points développés noir sur blanc par ses adversaires du dernier scrutin, qu’il s’agisse de la gestion de la crise sanitaire, de la politique en matière d’urbanisme ou d’agriculture locale. « Vous voulez créer des jardins partagés plutôt que des logements à Cavalas ? Ça montre votre méconnaissance de la presqu’île : à cet endroit, il y a deux parkings ! Je ne savais pas qu’on pouvait faire pousser des tomates et des courgettes sur du goudron », a par exemple ironisé Gilles Vincent. L’édile, appuyé par des membres de son équipe, n’a pas mâché ses mots au moment de conclure : « Vous êtes des bobos écolos ! Vous ne connaissez pas les dossiers. Vous mentez à la population en leur vendant un rêve qui n’existe pas. Mais chaque fois que vous donnerez de fausses informations, vous me trouverez sur votre chemin ! » Invité à s’exprimer en retour, Jean-Ronan Le Pen a tenté de calmer un tantinet le jeu : « La démocratie, c’est avoir des avis différents, et vous ne nous en empêcherez pas. Vous n’avez pas raison sur tout Monsieur le maire… » Mais ce dernier, plutôt que de s’adoucir, est sorti de ses gonds : « Si vous continuez à nous attaquer sur Facebook ou sur ce bulletin, si vous cherchez la bagarre, je vous garantis qu’on sera là. Ça ne me fait pas peur ! On expliquera aux Mandréens quel genre de personnes vous êtes. C’est bon, c’est compris ? » Réponse de l’opposant Philippe Dezeraud : « On n’est pas à l’école, ni au tribunal. Arrêtez de nous traiter d’irresponsables et de menteurs, vous ne nous connaissez pas… » Après avoir encore qualifié Jean-Ronan Le Pen de « pucelle effarouchée »et remis une couche sur les « quartiers bobos parisiens » que fréquenterait son adversaire, Gilles Vincent a glissé qu’il s’attendait à « bien rigoler pendant six ans. » Le visage plus fermé que jamais.