LES RELIGIONS EN APPELLENT AUX DONS
Protestants, musulmans, juifs et catholiques ont tous subi financièrement l’impact du confinement pendant presque trois mois. Pas de façon égale, mais tous espèrent des dons
Frappés par l’impact du confinement pendant presques trois mois, les cultes protestants, musulmans, juifs et catholiques attendent aujourd’hui beaucoup de la reprise des dons de leurs fidèles.
Quatre cent mille euros. C’est le manque à gagner généré par le confinement, auquel le diocèse de Fréjus-Toulon doit faire face. « Il manque deux mois et demi de quête », précise Yves-Marie Sevilla, directeur de cabinet du diocèse. L’Église catholique a dû annuler ses plus grandes célébrations, dont Pâques, l’Ascension et la Pentecôte, qui rassemblent toujours beaucoup de fidèles. « C’est une vraie préoccupation, poursuit Yves-Marie Sévilla. Nous devons aussi anticiper les difficultés économiques de la France et des personnes qui ont l’habitude de soutenir l’Église mais risquent de donner moins. »
Quêtes en ligne
Le denier du culte est en baisse et le Vatican ne lui viendra pas en aide, car l’Église s’organise par diocèses complètement indépendants et il n’y a pas de lien financier entre la ville-État de Rome et ceux-ci, si ce n’est la quête pour le denier de Saint-Pierre, reversée au pape. Celui-ci l’utilise notamment pour servir des causes humanitaires. Dans le Var, l’Église s’est organisée pour éviter la catastrophe financière, selon Yves-Marie Sévilla : « Le dynamisme du diocèse dans le digital a permis de limiter les pertes. Des quêtes en ligne ont eu lieu sur le site du diocèse durant le confinement (1). » Une campagne de dons est toujours en cours dans les églises. Chaque fidèle peut donner ce qu’il veut, mais il est expliqué qu’un don de 35 euros équivaut à un jour de traitement d’un prêtre, 100 euros deux jours de formation d’un séminariste et 250 euros un mois de complément de pension d’un prêtre retraité.
La Garde : un déficit de euros
À La Garde, le père Louis-Marie Guitton gère la paroisse de la Nativité, célèbre l’Évangile et administre les sacrements. Une gestion qui va être compliquée pour cette paroisse de taille moyenne, qui accuse, à cause de la Covid-19, un déficit de 10 000 euros par rapport aux mois de mars, avril, mai 2019. Ne pas pouvoir célébrer la Semaine sainte, les rameaux et Pâques a été une catastrophe. « Les commerçants diraient que c’est là qu’ils font leur chiffre »,
annonce-t-il en souriant. Les revenus de sa paroisse proviennent des quêtes, des intentions de messe à l’occasion de sacrements et des troncs qui récoltent l’argent des fidèles souhaitant allumer un cierge. Ces troncs rapportant plus dans les zones touristiques, que dans les églises rurales. Celle de La Garde n’est pas parmi les plus visitées du département Chaque mois, Louis-Marie Guitton doit verser au diocèse entre 3 000 et 4 000 euros sur les sommes récoltées lors des quêtes, pendant les célébrations. Une somme qui varie en fonction de l’importance des paroisses. Le diocèse lui en reverse à son tour une partie pour assurer le traitement du prêtre de 450 euros mensuels. Traitement qui est complété
de 450 euros retenus chaque mois par le prêtre sur vingt-cinq intentions de messe. Les ressources de la paroisse servent également à payer l’électricité, le chauffage, ou l’entretien du presbytère.
Église construite avant : ça change tout
Le père Louis-Marie Guitton a toutefois la chance de prêcher dans une église construite avant 1905 et la loi de séparation des Églises et de l’État. C’est donc la commune qui paye pour son entretien, sauf pour les fresques et les bancs, dont la charge revient à la paroisse. Toutes les églises construites après cette date sont à la charge des diocèses.