Destremau fait « comme si… »
Aujourd’hui, le Vendée Globe qui doit débuter le 8 novembre n’est pas encpore autorisé à larguer les amarres ! Mais, dans le doute, les skippers doivent continuer de se préparer…
Le confinement ? Pour avoir navigué 120 jours « Seul au monde » à l’occasion du dernier Vendée globe, Sébastien Destremau connaît. Et le Toulonnais sait apprécier ces moments forcément plus calmes qui invitent à la réflexion, voire même à la création. Mais comme tout le monde, il ne va pas se plaindre de pouvoir maintenant reprendre ses activités, à peu de chose près, là où il les avait laissées… D’autant que le Vendée Globe 2020, qui doit prendre son envol le 8 novembre des Sables d’Olonne, n’a officiellement toujours pas été annulé. Malgré les lourdes incertitudes qui pèsent encore sur la grande épreuve, Sébastien fait « comme si » elle allait effectivement se dérouler, ce qui ne l’empêche pas d’être très lucide.
Rasé de frais et sapé comme jamais
« Partira, partira pas, les gens peuvent dire ce qu’ils veulent. La bonne réponse, c’est : on verra bien ! Aujourd’hui, compte tenu de la réglementation actuelle, le Vendée Globe ne peut pas partir. Mais cela ne coûte rien de dire qu’il va partir et de se préparer. On peut imaginer que la situation va s’améliorer. Donc on fait comme si ça allait partir… »
Rasé de frais et sapé comme jamais (depuis deux mois !), depuis le 11 mai, Sébastien a repris son bâton de pèlerin en quête de partenaires pour boucler son budget.
Et il a aussi repris du plaisir à rencontrer des entrepreneurs et fréquenter les bureaux avant de retourner travailler sur son bateau dans quelques jours à SaintMalo…
Rassembler tout le puzzle
Est-il dans l’urgence après ce trou noir de deux mois ? « Oui et non, relativise le skipper. Nous ne sommes pas encore en vrac, mais ça ne va pas tarder… Là, je vais monter à Saint-Malo pour réceptionner les travaux faits sur le bateau pendant le confinement, faire des tests, valider des étapes techniques, et lancer la suite des travaux à réaliser. Je vais y rester une quinzaine de jours. Ensuite, il faudra rassembler tout le puzzle du bateau fin juin, pour pouvoir monter à quatre début juillet et le mettre en ordre de marche. » Déjà quasiment assuré d’être au départ de la grande épreuve, car « sélectionné » par l’organisation comme tous ceux qui ont déjà réussi l’exploit de terminer un Vendée Globe, Sébastien n’aura pas à participer à la Vendée-ArctiqueLes Sables d’Olonne, nouvelle course réservée aux Imoca à laquelle devront sacrifier les nouveaux concurrents (1). Il devra en revanche parcourir 2000 milles sur son nouveau bateau pour valider sa qualification sur un parcours qui reste à définir, en concertation avec l’organisation. Mais vous l’avez compris, tout cela est encore à envisager au conditionnel, et Sébastien comme les autres, est encore loin de pouvoir répondre à l’appel du large.
Certains de ses sponsors ont même failli couler son magnifique projet en lui annonçant récemment leur retrait. Heureusement, d’autres se sont dévoilés. « De nombreuses entreprises ont beaucoup souffert, rappelle Sébastien. Certains patrons ont préféré se retirer car ils estiment que ce n’est pas une bonne idée de faire le Vendée Globe en 2020. On ne peut pas leur en vouloir… De grosses boîtes ont aussi annulé leurs opérations de relations publiques aux Sables d’Olonne car cela paraissait compliqué d’aller y manger des petits fours après avoir dû virer la moitié des salariés. « En revanche, on a aussi gagné des sponsors, qui ne cherchaient pas à faire de la communication grand public, mais qui désirent maintenant resserrer leurs troupes autour d’un projet fédérateur pour repartir de l’avant dès cet automne. Et ce sont eux qui m’ont appelé » tient-il à préciser. Mais autant Sébastien, dont on connaît le gros tempérament, peut parfois être enclin à s’enflammer, autant en ces jours troublés, il prend tout ce qui vient avec « beaucoup de réserves ». « Aujourd’hui, on est obligé de poursuivre notre préparation comme si le départ était toujours prévu le 8 novembre, mais on n’y va vraiment sur la pointe des pieds. Même si le gouvernement français donne son feu vert, il faudra encore avoir les accords du Brésil, du Chili, de l’Australie, de l’Afrique du Sud… qui sont eux aussi responsables de notre sécurité. On en est encore loin. »
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Cela ne coûte rien de se dire qu’il va partir et de se préparer ”
1. Course océanique en solitaire de 3 600 milles autour d’un grand triangle culminant aux abords du cercle polaire. Organisée par la Classe Imoca, elle doit partir le 4 juillet des Sables d’Olonne.