Le marché de l’immobilier repart de plus belle Grand Angle
Pendant le confinement, grâce à la signature électronique, nous avons quand même pu réaliser des compromis de vente et, depuis le 11 mai, ça repart très fort. C’est très tonique, c’est surprenant même. Nous ne touchons pas terre », confie David Garavagno, président de la Fnaim (Fédération nationale de l’immobilier) dans le Var. Entre le rattrapage de ces deux mois d’arrêt lié au confinement et « un afflux massif de demandes », le secteur de l’immobilier, et la location de biens de longue durée en particulier, reprend du service sur les chapeaux de roues. Un soulagement lorsqu’on se souvient des projections alarmistes faites par certains, il y a plusieurs semaines, qui prédisaient carrément la fermeture d’agences immobilières et des emplois menacés sur toute la France. Malgré tout, William Siksik, président de la Fnaim Côte d’Azur appelle à la prudence. « Feu de paille ou pas ? On le saura dans quelques semaines, mais la tendance est plutôt positive. » Certes, l’année 2020 n’aura jamais le parfum de l’année « record » de 2019, un cru exceptionnel qui avait réussi à atteindre plus d’un million de ventes immobilières en France. Pourtant le début de l’année avait bien commencé dans le 06, avec « deux mois exceptionnels, janvier et février », durant lesquels « les agences ont bien travaillé ». Et puis patatras… « Heureusement qu’avec le FNAIM Lab, notre incubateur de startups à Paris qui développe de nouvelles technologies, nous avions accéléré la digitalisation. Dans le 06 et le 83, nous avons même été les précurseurs en formation en e-learning pour nos professionnels », souligne
William Siksik. Visites virtuelles, échanges en visio avec les clients, rédaction assistée des imprimés et fiches de visite dématérialisées, compromis de vente, baux et mandats digitalisés, signature et lettre recommandée électroniques… Tous ces outils numériques ont permis à ces professionnels de limiter la casse et de s’adapter au « sans contact » exigé par les nouvelles règles sanitaires.
« Beaucoup de trafic sur les portails d’annonces »
Ainsi, depuis le 11 mai, si les visites d’achat et de location ont repris, elles sont quand même limitées. « Avant, nous pouvions faire cinq à six visites par jour. Aujourd’hui, nous évitons de nous déplacer », reconnaît David Garavagno. Avantage : n’insistent que les visiteurs les plus motivés souligne William Siksik. Pour eux, la FNAIM et l’Unis (organisation des professionnels de l’immobilier) ont mis au point un guide de préconisations pour permettre la reprise d’activité des professionnels de l’immobilier en respectant les gestes barrières. « Dans nos agences, nous nous sommes tous équipés de masques, de gel et plexiglass. Aujourd’hui, nous avons beaucoup de visites et de trafic sur nos portails d’annonces. Nous envoyons aux visiteurs les process de visites », souligne William Siksik. Les visites virtuelles et études de dossier préalables permettent une sorte de présélection pour éviter des visites « inutiles » reconnaît ce professionnel. « A La Londe-les-Maures, nous avons même vendu une maison à 400 000 sans visite physique », souligne David Garavagno.
Vers une deuxième vague de confirmation ?
Quoi qu’il en soit, la date du 2 juin sera révélatrice. « Nous avons connu une première vague très sérieuse le 11 mai, mais nous attendons cette deuxième vague qui confirmera ou non que l’immobilier n’a pas été impacté par la crise sanitaire », précise David Garavagno. La crainte aujourd’hui ? Des taux de crédit immobilier qui remontent, même s’ils restent bas (1,30 à 1,50 sur 20 ans au lieu de 1,10 à 1,20 avant la crise du Covid) et des banques plus frileuses à prêter, notamment aux primo-accédants. « Le mois de septembre sera un pivot. » A charge pour les acquéreurs et les courtiers de faire jouer la concurrence et de négocier ferme.
A la Fnaim, on a pu faire d’autres constats depuis le mai. Concernant le paiement des loyers:« Sur les loyers d’habitation, il n’y a pas eu d’augmentation d’impayés pendant le confinement. Le chômage partiel a permis d’avoir de la rémunération pour faire face. Mais pour les loyers professionnels et commerciaux, nous avons constaté une augmentation de % des impayés, surtout dans la restauration puisque ces professionnels n’ont pas fait de chiffre d’affaires », indique David Garavagno pour le Var. Concernant les ventes de biens professionnels:« Nous avons eu des demandes de sociétés qui ont grossi pendant le confinement car justement très sollicitées et qui souhaitaient s’agrandir car dans l’informatique, la télésurveillance ou les nouvelles technologies. Si les grandes sociétés pourraient vouloir faire l’économie d’un loyer pour inciter leurs salariés à télétravailler, les entreprises de moins de salariés ont besoin d’humain, elles, pour s’externaliser. On voit que l’humain reste important et que ce n’est pas si évident que ça de travailler de chez soi. » Quant au haut de gamme : pas de difficulté notoire. Pour ColdwellBanker Sanhen Properties à Hyères, / des ventes prévues ont abouti et / ont été reportées à plusieurs semaines. « La maison, refuge financier stable et pérenne, est devenue aussi un refuge sanitaire avec des envies fortes de changements. »