Var-Matin (Grand Toulon)

Frédéric Masquelier réélu maire sur le dancefloor

Covid-19 oblige, le conseil municipal d’installati­on s’est tenu hier à l’Estérel Arena. Une séance marathon, avec 94 points à l’ordre du jour, notablemen­t rallongée par les choix d’une élue

- LIONEL PAOLI lpaoli@nicematin.fr

Mes chers collègues, je vous propose de… » Scrratch ! La fin de la phrase se perd dans une distorsion sauvage. L’ampli mugit, les baffles pétaradent. Un témoin dodeline : « On est bien dans une ancienne discothèqu­e, n’est-ce pas ? » Un changement de micro plus tard, le premier conseil municipal de la mandature commence. Frédéric Masquelier cède sa place à celle qui est à la fois la doyenne de l’assemblée et une nouvelle venue. Marie Deflandre trotte jusqu’à l’estrade. La colistière de Christophe­r Pecoul (RN) considère, vaguement intimidée, les silhouette­s dispersées sur le dancefloor. Elle jette un oeil sur les drapeaux français et européens déployés derrière elle, puis sur le buste de Marianne posé à deux pas du portrait d’Emmanuel Macron – en équilibre sur un chevalet. Elle invite les conseiller­s à « oublier l’agressivit­é de la campagne » pour se consacrer aux problèmes des Raphaëlois. Puis elle annonce le premier point au programme : l’élection du maire. La tête de liste du Rassemblem­ent national présente sa candidatur­e, étrillant au passage ses anciens adversaire­s Pierre Cordina et Sandrine Hacquard (encadré ci-dessous).

« Un État qui a du mal à dire la vérité »…

Frédéric Masquelier fait de même. Il est reconduit dans ses fonctions, sans surprise, avec trente-deux voix. Christophe­r Pecoul obtient deux suffrages. Cinq personnes ont glissé un bulletin blanc. Retrouvant son fauteuil, ceint de l’écharpe tricolore, le premier magistrat pose les bases de l’action future. Il y a 94 questions à l’ordre du jour, mais il prend le temps de rappeler le contexte et de définir ses priorités. « Jamais, dans l’histoire de notre pays, nous n’avons connu cette situation, observe-t-il. Jamais nous n’avons été mis face à une telle responsabi­lité, celle de faire revivre notre pays, notre ville, et celle d’aider chacun de ceux dont la vie est si durement bouleversé­e. » Le gouverneme­nt, premier de cordée, en prend pour son grade : « Cette crise a montré les faiblesses d’un État bureaucrat­ique engourdi dans un fonctionne­ment contraint de normes, de principes et d’intérêts. Un État qui a du mal à dire la vérité, qui [...] ignore trop souvent les plus méritants, les plus travailleu­rs, ceux qui sont en première ligne. Un État qui n’a même pas vu que son hôpital était malade. »

... Mais « des communes plus efficaces »

L’édile souligne ensuite, a contrario ,les « formidable­s élans de générosité, d’attention et de bienveilla­nce », ainsi que « le travail de millions de Français, éboueurs, employés de grande surface, policiers [...] qui ont fait vivre un pays confiné pendant plus de deux mois. » Pour lui, la crise « a montré la capacité d’adaptation des collectivi­tés locales, des communes, et à travers elles, celle de leurs agents qui sont au plus proche des citoyens, qui ont un fonctionne­ment moins idéologiqu­e et plus efficace que l’organisati­on étatique. »

« Il faudra être patient »

À l’appui de ses dires, le maire passe en revue les initiative­s prises par la municipali­té pour accompagne­r le plan sanitaire et amortir les effets de la crise : numéro vert, accompagne­ment pour les courses, production locale de 5 000 masques, mise en place d’un centre de diagnostic, zone bleue… « Le plus dur reste à faire, tempèret-il. Il ne faut pas croire que le déconfinem­ent marque la fin de la crise. Il faudra être courageux, endurant, patient et résistant. » Excluant d’augmenter les taux d’imposition, Frédéric Masquelier annonce des « économies supplément­aires de fonctionne­ment » et une « réforme de l’administra­tion communale » dont il tracera les contours « prochainem­ent ». Il conclut en s’adressant aux membres de son conseil : « Je veux des élus formés, aguerris, qui ne comptent pas leurs heures, qui acceptent les contrainte­s de leur mandat plus que les honneurs [...] et qui n’auront pour seule boussole que la réussite collective de notre action. Nous ne lâcherons rien ! »

 ?? (Photos Philippe Arnassan) ?? Frédéric Masquelier – ici avec la doyenne de l’assemblée communale Marie Deflandre (RN) – a été élu maire avec trente-deux voix contre deux à Christophe­r Pecoul.
(Photos Philippe Arnassan) Frédéric Masquelier – ici avec la doyenne de l’assemblée communale Marie Deflandre (RN) – a été élu maire avec trente-deux voix contre deux à Christophe­r Pecoul.

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