Solidarité européenne : la contreoffensive des pays « rigoristes »
Ils sont farouchement opposés à tout mécanisme de mutualisation des dettes au sein de l’UE, et ne comptent pas désarmer : les Pays-Bas, l’Autriche, le Danemark et la Suède ont présenté hier leur propre proposition de plan de relance européen, qui prend le contre-pied de celui dévoilé lundi par la France et l’Allemagne (nos éditions du 19 mai). Ceux qui sont parfois surnommés les « frugaux » sont favorables à une aide d’urgence pour les pays gravement touchés. Mais au lieu de subventions dont la plus grande charge pourrait reposer sur les pays les plus riches, ces quatre pays l’envisagent sous la forme de prêts ponctuels (quoiqu’à des conditions favorables), et avec de fortes contreparties : les pays concernés devraient prendre « l’engagement ferme » de mettre en oeuvre des réformes d’envergure et de respecter le cadre budgétaire imposé, ainsi que de « protéger les dépenses contre la fraude » en impliquant étroitement les procureurs européens et les responsables de la lutte contre la corruption. Leur proposition rejette par ailleurs la perspective de toute « augmentation significative » du budget de l’UE, comme l’envisage le plan Macron-Merkel. Au lieu de cela, elle affirme que le budget de l’UE devrait être « modernisée » et que des économies pourraient être réalisées « en redéfinissant les priorités dans les domaines les moins susceptibles de contribuer à la reprise ». L’unanimité des États membres étant requise sur un tel sujet, cette prise de position « préfigure de débats très difficiles », souligne une source diplomatique, qui voit les « discussions durer au moins jusqu’en juillet ».