Var-Matin (Grand Toulon)

La troisième voix

- PATRICE MAGGIO Directeur adjoint des rédactions du groupe Nice-Matin edito@nicematin.fr

Tous les deux jours, un petit nouveau élargit le cercle des milliardai­res de la planète. Selon le dernier rapport annuel de l’organisati­on Oxfam, plus que jamais, l’argent va aux riches. En un an, les  % les plus fortunés ont ainsi ajouté à leur patrimoine commun  milliards de dollars, une belle montagne de valises en croco. Davos est haut (  mètres) mais Davos et son forum ne peuvent rester complèteme­nt insensible­s à cet effet boule de neige. Face à une belle assemblée de premiers de cordée réunis une fois l’an au sommet des Alpes suisses, Emmanuel Macron a courageuse­ment consacré, hier, une large partie de son discours à la nécessité de « mieux partager » la richesse. Constatant « une crise du capitalism­e contempora­in », le Président français est partisan « de vrais mécanismes de répartitio­n de la valeur ajoutée ». Il veut que les grandes entreprise­s renoncent «à l’optimisati­on fiscale à tous crins ». Macron, un nouveau Che ? Le locataire de l’Elysée s’en est amusé hier : «Personne ne pourra me suspecter de ne pas être business friendly ». Mélenchon peut se rassurer. Si le chef de l’État est partisan d’un nouveau « contrat mondial», c’est que « même dans mon pays, si je ne donne pas un sens à la mondialisa­tion, dans cinq ans, dans  ans, dans  ans, ce seront les nationalis­tes, les extrêmes, qui gagneront. Et ce sera vrai dans tous les pays ». Il existe sans doute une deuxième raison, qui complète la première : la place de la France dans le monde. Il faut faire face à un Donald Trump qui entonnera, aujourd’hui, au pupitre de Davos toujours le refrain : « Make America Great Again » (rendre sa grandeur à l’Amérique). Mais aussi s’adapter à la dialectiqu­e chinoise de Xi Jinping qui a longuement plaidé hier, dans un discours à front renversé, pour le libre-échange. Emmanuel Macron a voulu profiter de cet auditoire VIP pour faire entendre une musique plus douce, un succès national, « France is back », qui le propulsera­it aux meilleures places du classement mondial. Une troisième voix pour une France inaudible depuis tant d’années sur tant de sujets dans le concert internatio­nal. Et tant mieux pour les victimes de la mondialisa­tion si c’est sur ce registre qu’il veut marquer sa différence.

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