La troisième voix
Tous les deux jours, un petit nouveau élargit le cercle des milliardaires de la planète. Selon le dernier rapport annuel de l’organisation Oxfam, plus que jamais, l’argent va aux riches. En un an, les % les plus fortunés ont ainsi ajouté à leur patrimoine commun milliards de dollars, une belle montagne de valises en croco. Davos est haut ( mètres) mais Davos et son forum ne peuvent rester complètement insensibles à cet effet boule de neige. Face à une belle assemblée de premiers de cordée réunis une fois l’an au sommet des Alpes suisses, Emmanuel Macron a courageusement consacré, hier, une large partie de son discours à la nécessité de « mieux partager » la richesse. Constatant « une crise du capitalisme contemporain », le Président français est partisan « de vrais mécanismes de répartition de la valeur ajoutée ». Il veut que les grandes entreprises renoncent «à l’optimisation fiscale à tous crins ». Macron, un nouveau Che ? Le locataire de l’Elysée s’en est amusé hier : «Personne ne pourra me suspecter de ne pas être business friendly ». Mélenchon peut se rassurer. Si le chef de l’État est partisan d’un nouveau « contrat mondial», c’est que « même dans mon pays, si je ne donne pas un sens à la mondialisation, dans cinq ans, dans ans, dans ans, ce seront les nationalistes, les extrêmes, qui gagneront. Et ce sera vrai dans tous les pays ». Il existe sans doute une deuxième raison, qui complète la première : la place de la France dans le monde. Il faut faire face à un Donald Trump qui entonnera, aujourd’hui, au pupitre de Davos toujours le refrain : « Make America Great Again » (rendre sa grandeur à l’Amérique). Mais aussi s’adapter à la dialectique chinoise de Xi Jinping qui a longuement plaidé hier, dans un discours à front renversé, pour le libre-échange. Emmanuel Macron a voulu profiter de cet auditoire VIP pour faire entendre une musique plus douce, un succès national, « France is back », qui le propulserait aux meilleures places du classement mondial. Une troisième voix pour une France inaudible depuis tant d’années sur tant de sujets dans le concert international. Et tant mieux pour les victimes de la mondialisation si c’est sur ce registre qu’il veut marquer sa différence.