Voici pourquoi ils contestent le projet éolien de Siou Blanc
Alors que la labellisation du Parc naturel régional de la Sainte-Baume est acquise, l’association Objectif PNR fait entendre sa voix contre le projet éolien. Entre autres arguments, elle pointe du doigt la position contradictoire du maire
Jusque-là, peu de voix contestataires s’étaient élevées contre le projet éolien de Baumes-desLumes (massif de Siou Blanc), porté par La Compagnie du vent (filiale d’Engie) et soutenu par la municipalité de Solliès-Toucas. Le président du Syndicat mixte de préfiguration du Parc naturel régional (PNR) de la Sainte-Baume, Michel Gros, avait émis un avis défavorable à l’implantation de dix éoliennes « sur un site remarquable qui est aussi un réservoir de biodiversité »etqui« n’a pas vocation à accueillir des installations industrielles »( Varmatin du 3 mai 2017).
Le Parc a la main
Alors que le ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, a officialisé jeudi 12 octobre la création du PNR de la Sainte-Baume comme le 52e PNR français, le devenir du projet éolien de Baumesdes-Lumes situé dans le périmètre du parc, est plus que jamais d’actualité. C’est en ce sens que le collectif d’associations regroupées sous la bannière Objectif Parc naturel régional de la Sainte-Baume (OPNR) monte au créneau aujourd’hui. Depuis La Roquebrussanne, Pascal Reinette et Pierre Venel, respectivement secrétaire et vice-président de l’association, développent un argumentaire contradictoire au projet de La Compagnie du vent qui les « désespère ». Le voici. Un projet contraire à la charte du Parc La mesure 7 de l’avant-projet de charte du PNR de la Sainte-Baume indique qu’il faut « prioriser le développement de l’éolien et du photovoltaïque sur des espaces déjà anthropisés ». C’est l’un des arguments du porteur de projet qui a prévu d’installer son parc éolien le long de la ligne à très haute tension qui fend le massif de Siou Blanc du Nord au Sud. Pas recevable pour Pascal Reinette qui estime que « l’artificialisation d’un site en appelle une autre et on n’en finit plus ». Cette même mesure 7 précise toutefois le besoin « de protéger les paysages et espaces naturels sensibles de tout projet éolien et photovoltaïque au sol ». Une brèche dans laquelle s’engouffre Objectif PNR. « Solliès-Toucas soutient le projet éolien mais c’est en contradiction avec son implication dans le Parc. Comment une commune peut s’engager dans la création d’un PNR tout en continuant à avancer sur un projet éolien ? », s’interroge Pierre Venel. Sollicité par nos soins, le maire François Amat y répond (ci-contre). ● Des éoliennes dans une zone Natura 2 000 Le site Baumes-des-Lumes retenu pour l’implantation du projet éolien se situe dans une zone Natura 2 000 qui a pour but de préserver la biodiversité, dont « des espèces emblématiques et pour certaines en grand danger », comme le rappelle Pierre Venel (lire ci-contre). « C’est un coup de poignard et cela discrédite complètement le classement Natura 2 000 », tempête Pascal Reinette qui note également que le statut de forêt domaniale (celle de Morières-Montrieux qui abriterait le parc éolien) « ne protège en rien ». Dans les faits, la classification en zone Natura 2 000 n’interdit pas à ce jour l’implantation d’éoliennes industrielles même si une décision de la cour européenne de justice rendue le 21 juillet dernier pourrait à l’avenir changer la donne. ● Une réduction limitée des gaz à effet de serre Pour Pascal Reinette, cet argument ne tient pas. Il avance que le secteur de l’énergie est très secondaire quand aux émissions de gaz à effet de serre. Il s’appuie sur un rapport du Citepa
(1) qui indique que la production d’électricité n’est responsable, en 2006, que de 6 % des émissions de CO2 contre 29 % pour le secteur des transports. Selon le Citema, 13500 MW d’éolien diminueraient les émissions de seulement 0,3 %. Fin juin 2017, le parc éolien français s’élevait à 12341 MW. 1 700 MW devront être installés chaque année pour atteindre l’objectif fixé à l’horizon 2 023 (entre 21 800 et 26 000 MW). ● La sortie du nucléaire, un écran de fumée OPNR ne croit pas à cet autre argument qui favorise le développement des énergies renouvelables. « Aucune centrale nucléaire n’a été fermée et EDF déploie des efforts considérables pour vendre ses EPR », note Pascal Reinette. «Le sacrifice des espaces naturels par les énergies renouvelables ne résoudra ni la dépendance au nucléaire, ni la question des gaz à effet de serre. Une écologie qui ne repose pas sur le respect de la nature sombre fatalement dans la contradiction », conclut-il. 1. Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique.