Var-Matin (Grand Toulon)

Une dispute entre voisins se règle à coups de sabre

Parce qu’il s’est senti « agressé », un ressortiss­ant roumain résidant au Pradet a saisi un sabre, blessant la victime à l’épaule et à la main. Il a écopé hier de six mois avec sursis

- LYLIAN CASIER lcasier@nicematin.fr

Adrian D., quadragéna­ire, n’a pas le profil type du prévenu présenté en comparutio­n immédiate. Bien coiffé, rasé, chemise dans le jean, ce Roumain installé au Pradet depuis huit ans n’a jamais fait parler de lui. Du moins pas avant le 17 juillet. Cet artisan du BTP, qui habite dans la même résidence depuis 2009, s’est retrouvé au coeur d’un conflit de voisinage. Au terme duquel il a fini par se défendre avec un sabre et blesser la victime, M. B..

Parole contre parole

« Après une violente dispute entre M. B. et sa compagne, le premier décide de prendre l’air et revient une heure après. Là, il voit votre porte ouverte, il est énervé, agressif et le ton monte », résume la présidente, s’adressant au prévenu. « M. B. reconnaît d’ailleurs vous avoir poussé en premier et en retour, vous lui avez asséné deux coups de poing. C’est à ce moment que vous dérapez et saisissez un sabre ». « Il m’a dit de ne pas parler à sa femme, autrement il brûlerait l’appartemen­t. Il était menaçant, j’ai pris un sabre pour qu’il s’en aille, puis par réflexe, j’ai porté un coup à l’épaule. » La main de la victime est également abîmée, entraînant une incapacité totale de travail de cinq jours. La présidente du tribunal pose alors une question simple à la victime, présente, hier à l’audience. « -Pourquoi vous n’avez pas pris la fuite ? -J’ai du caractère… Et surtout, je n’ai pas pensé qu’il ferait ça. » Adrian D. aurait, selon la version de M. B., voulu le blesser au ventre avec cette lame.

« Il s’est senti agressé et a mal réagi »

Une allégation que conteste formelleme­nt Me Gozzo, avocate de la défense, auteure d’une plaidoirie poignante. « Monsieur D., c’est vous, c’est moi. Il s’est retrouvé agressé, chez lui, alors qu’il n’avait rien demandé. Tout ça parce qu’une semaine plus tôt, il aurait dit “chut”, alors que la victime et sa compagne faisaient un boucan d’enfer en rentrant chez eux la nuit, s’indigne-t-elle. Mon client est un homme respectabl­e, apprécié de toute la résidence, de sa propriétai­re, de ses voisins, qui m’ont fait part de sa gentilless­e et sa discrétion. Un locataire emménage depuis quinze jours, ne respecte rien, adopte un langage grossier, insulte sans arrêt sa compagne et ne dit jamais bonjour, voilà le problème. Adrian D. ne voulait pas le blesser mais s’est senti agressé ce soir-là, et a mal réagi .» Quelques minutes avant, le procureur avait notifié au tribunal que les blessures n’étaient pas « légères » et requis trois mois de détention ferme, autant de sursis et une obligation de soin. Après délibérati­on, les magistrats prononcent une peine de six mois avec sursis et interdicti­on d’échanger avec la victime. Adrian D. accueille le verdict sans une expression.

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