Var-Matin (Grand Toulon)

Mélenchaud!

- Par DENIS JEAMBAR

Tel une boule lancée dans le jeu de quilles de la présidenti­elle, Jean-Luc Mélenchon imagine déjà qu’il pourrait toutes les renverser et réaliser à la surprise de tous un « strike » élyséen. Perspectiv­e inattendue mais prise au sérieux par les marchés financiers, qui s’inquiètent de ce scénario aussi noir qu’imprévu : un second tour Mélenchon-Le Pen le  mai prochain ! Certes, nous n’en sommes pas là, mais rien ne se passant comme prévu dans cette campagne, tout le monde commence à envisager l’improbable. Responsabl­e de ce grand suspens, faute d’avoir osé défendre son bilan dans cette élection, François Hollande lui-même en perd, paraît-il, son latin : « Tout peut arriver », murmure-t-il à l’oreille de ceux qui ont encore envie de l’écouter.

« Les marchés financiers s’inquiètent de ce scénario aussi noir qu’imprévu : un 2nd tour Mélenchon-Le Pen le 7 mai prochain ! »

Ce fatalisme gagne d’ailleurs l’appareil du Parti socialiste, qui voit son candidat Benoît Hamon perdre son plumage jour après jour. Avec , % dans les sondages, l’avocat du revenu universel est revenu à la case départ, tandis que Mélenchon plane à plus de  %. Porté par son talent oratoire, sa campagne innovante, son écologisme plutôt talentueux et son romantisme révolution­naire, le candidat de La France insoumise devient le champion de la gauche. Il plaît sans que nul ne s’interroge vraiment sur son programme, les conséquenc­es d’une sortie de l’Union européenne, les deux années qu’il veut passer à bâtir une VIe République, la promesse de s’asseoir sur la dette, une batterie de mesures fiscales qui feraient fuir à toute vitesse les capitaux étrangers et français, etc. Plutôt que l’attaquer sur le fond, certains dirigeants socialiste­s en sont même à se demander si Benoît Hamon ne devrait pas se désister en sa faveur ! Ce sauve-qui-peut facilite évidemment la campagne de Jean-Luc Mélenchon et l’autorise désormais à rêver d’une victoire. Il ne l’imaginait guère en se lançant dans cette ultime bataille électorale. Il n’avait alors qu’un but : casser le Parti socialiste et triompher d’un « hollandism­e social-démocrate », qu’il exècre depuis plus de trente ans, pour rebâtir la gauche. Cet objectif est atteint, mais peut-il aller plus loin encore ? Pour y parvenir dans les onze jours qui restent avant le premier tour, il lui faut franchir plusieurs obstacles. D’abord, consolider l’électorat qu’il a conquis mais qui demeure malgré tout indécis. Ensuite, marquer encore des points sur Hamon, voire sur Macron, qui a capté lui aussi une partie de la gauche socialiste. Empêcher également un sursaut de l’électorat de droite, que sa percée pourrait remobilise­r autour de François Fillon. Enfin, regagner des voix chez les ouvriers et les jeunes, partis de la gauche vers le Front national. Sa percée en fait, soudain, l’ennemi de tous. Le plus difficile, donc, commence. En , n’avait-il pas atteint  % dans les sondages, et fini à  % !

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France