Var-Matin (Grand Toulon)

Le camp de Grande-Synthe presque entièremen­t détruit

Surpeuplé depuis la fermeture de la «Jungle» de Calais, il a été ravagé par le feu après des rixes entre migrants kurdes et afghans

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Les autorités et les associatio­ns ont dû organiser dans l’urgence, hier, l’accueil dans d’autres lieux des quelque 1 400 migrants laissés dans le dénuement après la destructio­n par le feu, la nuit précédente, du camp de la Linière, où ils vivaient, à GrandeSynt­he, près de Dunkerque (Nord). Les ministres de l’Intérieur et du Logement, Matthias Fekl et Emmanuelle Cosse, se sont rendus sur place en fin d’après-midi. Seuls environ 70 chalets en bois étaient intacts sur les 300 que comptait ce site ouvert en mars 2016, et qui se voulait une réalisatio­n « exemplaire », selon son promoteur, le maire écologiste de la commune, Damien Carême. Mais « la surpopulat­ion » du camp de la Lignière depuis le démantèlem­ent de la « Jungle » de Calais fin octobre, «a créé des difficulté­s » à l’origine du drame, de l’aveu de ce dernier.

« Corridor humanitair­e »

La totalité du camp a été évacuée dans la nuit, selon le préfet du Nord Michel Lalande. Au total, quelque 1000 migrants devaient être hébergés hier soir dans quatre gymnases réquisitio­nnés. A partir d’aujourd’hui, ils devraient être répartis dans des centres d’accueil et d’orientatio­n un peu partout sur le territoire. «Il n’y aura pas de reconstruc­tion d’un nouveau campement ici» , a déclaré Matthias Fekl. Le sinistre a provoqué des réactions chez les associatio­ns s’occupant des migrants. L’Auberge des migrants demandait ainsi hier au gouverneme­nt d’ouvrir «un corridor humanitair­e pour que les mineurs puissent rejoindre la Grande-Bretagne ». Une position partagée par France terre d’asile, qui a souhaité «la réouvertur­e des voies d’immigratio­n légales» avec ce pays et l’applicatio­n « des règlements européens qui permettent le rapprochem­ent familial». La Cimade, elle, a réitéré « la nécessité de créer des lieux d’accueil humanitair­e ». Selon le préfet et le récit de migrants, les multiples feux allumés dans le camp lundi – qui ont fini par embraser les chalets de bois –, ont pour origine de violentes bagarres entre Kurdes d’Irak et Afghans, malgré d’importants renforts policiers. Selon le procureur de Dunkerque, 13 personnes ont été blessées, dont quatre par arme blanche.

La Belgique renforce ses contrôles

La priorité des autorités était de « mettre à l’abri les migrants qui errent sur les grands axes routiers en direction de Calais ou Paris » et de « consolider un accueil d’urgence», a déclaré le préfet. « Nous travaillon­s déjà avec les ministères concernés pour des départs de migrants vers les centres d’accueil et d’orientatio­n», a-t-il indiqué. Le maire de Grande-Synthe, de son côté, a appelé les maires à «la solidarité et à ouvrir des centres d’accueil » dans leur commune. Les autorités belges ont quant à elles d’ores et déjà renforcé leurs contrôles à la frontière pour éviter une arrivée massive de migrants, a déclaré le chef de la police de la côte belge, Nicholas Paelinck.

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(Photo MaxPPP/EPA) Hier, l’urgence était au relogement des quelque  migrants jusque-là hébergés dans le camp.

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