Var-Matin (Grand Toulon)

Noce de sang: l’accusé nie le meurtre de Roquebrune

Pierre Mercier, le chef du restaurant « Sainte-Candie », a dit à la cour d’assises qu’il avait porté sans viser un cou de couteau dans la gorge de son commis de cuisine, lors d’une altercatio­n

- G. D.

Au premier jour de son procès devant la cour d’assises du Var, pour le meurtre de son commis de cuisine, Pierre Mercier n’a pas contesté être à l’origine de la mort de Rémi Rusconi, 21 ans, dans la nuit du 27 au 28 septembre 2014 à Roquebrune-sur-Argens. En revanche, il a affirmé qu’il n’avait pas l’intention de tuer ce jeune homme, et qu’il avait d’instinct saisi deux couteaux et les lui avait plantés dans la gorge, sans viser. C’est donc la thèse des violences avec arme, ayant entraîné la mort, sans intention de la donner, qui sera plaidée aujourd’hui par ses deux défenseurs, Mes Axelle Aupy et William Galliot.

Alcool et médicament­s

Il est ressorti de la déposition du directeur d’enquête, de la brigade de recherches de la gendarmeri­e de Gassin-Saint-Tropez, que Pierre Mercier, 52 ans, chef du restaurant “Sainte-Candie” à Roquebrune, était très énervé le soir des faits. Il était stressé par l’organisati­on du repas de mariage qu’il avait servi à midi, et avait pris, comme d’habitude, plusieurs cachets d’un médicament anxiolytiq­ue pour se calmer. En servant le buffet du soir, il s’était mêlé aux invités du mariage et avait bu du champagne et du rosé. Il avait tenté de séduire deux des invitées de la noce, mais s’était fait éconduire. C’est là que son attitude avait changé.

Très énervé

Il avait décidé de mettre tous les clients à la porte, rangeant la salle et éteignant les lumières pour faire accélérer le mouvement. Il s’était mis à houspiller ses employés, les insultant copieuseme­nt. À tel point qu’un client lui avait demandé de leur parler autrement. Cassant deux verres sur son comptoir, Pierre Mercier s’était alors fait menaçant. Au point de se saisir d’un rouleau à pâtisserie et d’un couteau de cuisine, et de poursuivre ses clients jusque sur le parking et d’endommager une voiture. C’est à ce moment que les gendarmes, alertés à la fois par le restaurate­ur et par les clients, sont arrivés. Ils étaient affairés à recueillir les déposition­s des uns et des autres, quand a retenti dans le restaurant un cri déchirant. Celui de la serveuse Laetitia Rusconi : « Il a tué mon frère. »

La mort en quelques minutes

Entre le bar et la cuisine, une altercatio­n verbale avait éclaté entre Pierre Mercier et sa serveuse, qui venait de lui annoncer qu’elle ne renouvelle­rait pas son contrat à la fin du mois. Selon Laetitia Rusconi et un autre employé, leur patron s’était alors emparé de deux couteaux et avait tenté d’en frapper la jeune femme. Ce point est contesté par l’accusé, qui dit n’avoir été confronté qu’à Rémi Rusconi, venu défendre sa soeur. « Quand je l’ai vu avancer vers moi, instinctiv­ement j’ai pris plusieurs couteaux dans la main gauche. Ça a été très vite. J’ai donné un coup, mais je n’ai pas visé son cou. Malheureus­ement, la carotide a été touchée. J’aurais tout aussi bien pu le toucher à l’épaule. » Rien n’aurait pu sauver Rémi Rusconi d’une mort rapide par hémorragie massive, comme l’a confirmé le médecin légiste. La cour évoquera ce matin la personnali­té de Pierre Mercier.

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(Croquis d’audience Rémi Kerfridin) Pierre Mercier est défendu par Mes William Galliot et Axelle Aupy.

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