« Penelope Gate » : Fillon contre-attaque
François Fillon, dans la tourmente après les soupçons d’emplois fictifs visant sa femme Penelope, a contre-attaqué, hier, en remettant « des pièces » au parquet financier, qui a ouvert une enquête pour « détournement de fonds publics » et « abus de biens sociaux et de recel ». François Fillon a assuré, hier soir sur TF1, qu’« il n’y pas le moindre doute » sur l’emploi « légal », « réel », et « parfaitement transparent » de sa femme comme collaboratrice parlementaire. « Je la défendrai, je l’aime »
« Des accusations abjectes »
Il a affirmé que Penelope Fillon, soupçonnée d’emplois fictifs, travaille pour lui « depuis toujours » etila jugé « abjectes » les accusations la visant, destinées selon lui à « abattre » sa propre candidature. L’heure est à la contre-offensive dans le camp Fillon : comme annoncé dans la matinée par un de ses proches, Bruno Retailleau, patron des sénateurs LR, l’avocat de M. Fillon, Me Antonin Levy, a remis des documents ce jeudi en début d’après-midi au pôle financier à Paris. Ils sont censés attester de la réalité du travail fourni par Mme Fillon. « J’ai eu une rencontre avec les magistrats du parquet national financier et j’en ai profité pour leur remettre des documents », a confirmé Me Antonin Levy quelques minutes après sa sortie. Après l’annonce de l’ouverture d’une enquête préliminaire mercredi, l’ancien Premier ministre avait déjà promis qu’il ferait tout pour « faire taire les calomnies ». A trois mois de la présidentielle, cette affaire est embarrassante pour le candidat, qui peinait déjà, depuis sa large victoire fin novembre à la primaire de la droite, à trouver le ton de sa campagne. A droite, les porte-parole du candidat semblent à la peine pour défendre leur champion. Depuis mercredi, dans les couloirs de l’Assemblée, c’est la surprise chez les collaborateurs, où la plupart semblaient ignorer que Penelope Fillon ait pu être la collaboratrice de son époux. Une proche de François Fillon, la député LR Valérie Boyer, a ainsi un peu cafouillé mercredi lors d’une émission télévisée pour défendre son candidat. Expliquant qu’il lui était arrivé « d’embaucher » et « rémunérer » un de ses fils comme collaborateur, elle a ajouté maladroitement : « Oui. Mais pour des activités réalisées ». Vice-président de LR, le sarkozyste Laurent Wauquiez, peu avare de critiques contre M. Fillon ces dernières semaines, s’est dit « très confiant sur le fait qu’il apportera les réponses » aux questions qui se posent. De son propre aveu, encore à l’automne dernier pendant la campagne de la primaire de la droite, Mme Fillon revendiquait sa discrétion et être en retrait des activités de son mari. Personne ne l’a jamais vue à l’Assemblée hormis l’ex-président, Bernard Accoyer, devenu secrétaire général de LR. « La question est de savoir si c’est un emploi fictif ou pas. A lui de donner des explications (...) Si elle ne travaillait pas et était payée, c’est un problème, sinon c’est un épiphénomène », résume un député. D’autant que François Fillon a fait de sa probité, face à Nicolas Sarkozy notamment mais aussi à Alain Juppé qui a été condamné par le passé dans un affaire d’emploi fictif, un axe de campagne. Sa phrase « Qui imagine le Général de Gaulle mis en examen ? », lui revient désormais comme un boomerang.
« Une mission pas plausible »
L’enquête préliminaire porte aussi sur la réalité d’un emploi rémunéré pendant un an et demi à la Revue des Deux Mondes pour 5 000 euros bruts par mois. L’exdirecteur de la Revue des Deux Mondes, Michel Crépu, a déclaré, hier, sur RTL n’avoir jamais eu connaissance d’une mission de « réflexion stratégique » confiée à Penelope Fillon en 2012-2013, jugeant « totalement extravagante » et «pas plausible » une telle hypothèse. Il indique qu’il sera entendu, ce matin, par le parquet national financier. dessus de tout soupçon. Lorsqu’on appelle les Français aux sacrifices, on ne peut se permettre le moindre écart dans l’usage des deniers publics. « Qui imagine un seul instant Yvonne de Gaulle assistante parlementaire ? » : tout est dit dans ce commentaire d’un twitteur sarcastique, paraphrasant une flèche qui visait Nicolas Sarkozy. Internet a de la mémoire et François Fillon voit aujourd’hui revenir en boomerang toutes ces fortes sentences qui servirent à ciseler son image : « Onne peut pas diriger la France si l’on n’est pas irréprochable. » Ou bien : « Il y a injustice sociale entre ceux qui travaillent dur pour peu et ceux qui ne travaillent pas et reçoivent de l’argent public. » Pénélope travaillait-elle ? Beaucoup en doutent. François Fillon affirme que oui et il se fait fort d’en apporter la preuve, documents et témoignages à l’appui. Nous verrons bien. Une enquête est ouverte. Au parquet national financier de vérifier s’il y a matière à poursuivre pour détournement de fonds public. Cela reste à prouver. Mais le cas Penelope ne peut se réduire à son volet juridique. Dans cette affaire, il y a le droit et il y a l’éthique – donc la politique. Admettons que Penelope Fillon, quoi qu’elle en ait dit elle-même – entre autres, en octobre au « Bien Public