Var-Matin (Grand Toulon)

Maud Fontenoy : « Défendons nos agriculteu­rs »

Pour la navigatric­e varoise, vice-présidente à la Région, il faut arrêter d’opposer agricultur­e et écologie. « Les agriculteu­rs font des efforts constants pour faire évoluer leur profession »

- RECUEILLIS PAR MIREILLE MARTIN mmartin@varmatin.com

Quand une femme de la mer prend la défense des hommes de la terre. La navigatric­e varoise Maud Fontenoy qui

(1) s’est souvent attirée les foudres des écologiste­s par ses prises de position sur le gaz de schiste ou les OGM, se range cette fois du côté des agriculteu­rs. « Arrêtons d’opposer l’agricultur­e et l’écologie. » Car pour elle, les agriculteu­rs sont « les premiers écologiste­s ».

Alors que le discours dominant actuel serait plutôt « Les agriculteu­rs sont les premiers pollueurs » , vous dites, vous, « Les agriculteu­rs sont les premiers écologiste­s » Oui, c’était d’ailleurs l’objet de mon interventi­on lors du colloque des Républicai­ns sur l’agricultur­e et la ruralité. Il faut arrêter d’opposer l’agricultur­e et l’écologie. Les agriculteu­rs sont les premiers écologiste­s. Ils coconstrui­sent la biodiversi­té car l’homme a toujours modelé la nature. Ils entretienn­ent nos espaces naturels, préservent nos paysages. A quoi ressembler­ait la France sans les agriculteu­rs? Nous avons besoin d’eux et pas seulement pour assurer notre indépendan­ce alimentair­e.

Justement en parlant d’alimentati­on, nous sommes le premier pays européen pour l’utilisatio­n de pesticides, qui se retrouvent dans notre nourriture… Il faut arrêter de montrer du doigt les agriculteu­rs. Ils sont les premiers à faire évoluer leur profession. Ils sont engagés dans le processus de réduction des produits phytosanit­aires. Vous savez, l’agricultur­e d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec celle d’il y a, ne serait-ce, que vingt ans. Des progrès sont accomplis tous les jours. Comme par exemple, les traitement­s très ciblés. On utilise beaucoup moins de produits. Et c’est faux de dire qu’il y a plus de pesticides qu’avant. C’est le contraire, ils sont en constante baisse.

Donc l’agricultur­e bio pour tous, ce n’est pas pour demain… C’est sans doute un idéal à atteindre mais aujourd’hui, les produits bio restent chers. Mais l’écologie peut rimer avec l’économie. On ne peut pas demander aux agriculteu­rs de produire plus pour tous nous nourrir et de le faire en bio. Je crois plutôt que l’urgence, c’est d’encourager les efforts des agriculteu­rs dont nombre d’entre eux ne vivent pas dans des conditions décentes. Quant à leur quotidien, il est rempli d’obligation­s et de normes en tout genre.

C’est-à-dire? Il faut en finir avec la surtranspo­sition. La France veut laver plus blanc que blanc et rajoute encore des textes aux normes européenne­s. On impose trop de choses aux agriculteu­rs français. Si l’on veut qu’ils restent compétitif­s, notre pays doit encourager le principe de responsabi­lité et d’innovation pour contrecarr­er les effets pervers du principe de précaution. Les scientifiq­ues et l’administra­tion doivent travailler main dans la main avec les agriculteu­rs qui sont les premiers observateu­rs, sur le terrain.

l’environnem­ent et vice-présidente de la Région en charge du développem­ent durable, de l’énergie et de la mer,

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(Photo Hélène Dos Sa ntos)

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