Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

« Il fallait le voir enquiller les virages »

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Il y a une quinzaine d’années, en coiffant sa casquette de « maître d’école » entre deux épreuves de vitesse ou d’endurance, il a vu le phénomène Quartararo éclore sur le tourniquet gardois de la Conti School. Aujourd’hui rangé des bécanes de course, Sébastien Gimbert inculque toujours l’art de la trajectoir­e juste aux apprentis champions de la Race Expérience School, sa propre structure. Chez lui, à Fréjus, l’ancien pilote tient aussi les manettes d’un magasin d’équipement­s et accessoire­s moto où l’on peut s’offrir le tshirt et la casquette griffés Yamaha du nouveau champion du monde. Interview express, au passé et au présent...

Sébastien, la première fois que vous croisez Fabio, c’était où et quand ?

Avant de le rencontrer, j’avais déjà pas mal parlé de lui avec Étienne, son papa que je connais très bien depuis longtemps. La première image, en fait, elle ne date pas d’hier.  ou , je pense. Il avait six ans, peut-être sept. J’animais des stages de pilotage à la Conti School, sur le circuit de karting d’Alès. Un jour, je l’ai donc vu débarquer. C’était le plus petit du groupe. Il portait d’ailleurs des baskets avec des scratchs car il ne savait pas nouer ses lacets. Le guidon, en revanche, il le maniait beaucoup mieux que les autres, pourtant plus âgés. Sous la pluie, il fallait le voir enquiller les virages avec une énergie et une maîtrise impression­nantes. Freinage, prise d’angle, relance en glisse... Il sortait vraiment du lot. Incroyable !

Et ensuite ?

Il est revenu assez souvent au même endroit durant les deuxtrois années suivantes. Fabio aimait beaucoup ces stages. Et moi, je le voyais évoluer rapidement, énormément. Ses premières victoires en Espagne ne m’étonneront pas. Son ascension fulgurante non plus. J’étais persuadé qu’il avait l’étoffe d’un crack. Même durant sa période de galère en Moto et Moto. Certains mauvais choix l’ont ralenti. Dans ce milieu, vous devez parfois surmonter des écueils.

Mais depuis qu’Eric Mahé a pris en main sa carrière, ça tourne rond. Et le voilà champion du monde. Une consécrati­on on ne peut plus logique pour moi.

Après sa fin de saison  en demi-teinte, une telle domination ne vous a pas surpris ? Vraiment ?

Non. Fabio s’est remis en question. Il a analysé et corrigé. Maintenant, il parvient à s’isoler, à mettre des barrières autour de lui, à faire abstractio­n de toute l’agitation générée par sa réussite. Le jour où ça va moins bien, les critiques, les pénalités, ne l’atteignent plus. Il reste sûr de lui. Et il se permet de faire des choses hallucinan­tes sur la moto. Qui d’autre que lui brille au guidon d’une Yamaha aujourd’hui ? Personne. C’est un extraterre­stre, comme Marc Marquez.

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