Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
Macron en retraite ou à la retraite ?
L’automne est la belle saison pour les serpents de mer. Celui des retraites est en approche, relâché la semaine dernière lors du déplacement d’Emmanuel Macron dans le Lot. On devrait en apercevoir les plus belles écailles, aujourd’hui, à la faveur de la présentation du rapport annuel du Conseil d’orientation des retraites (Cor). La trame est déjà connue : le système est déficitaire ( milliards en ), à cause des dépenses qui stagnent et des cotisations qui baissent. La période Covid a affaibli notre bonne vieille Sécu, sans l’achever : l’an dernier, le Cor était bien plus pessimiste, tablant sur un déficit supérieur à milliards. Pas de quoi sauter au plafond. Mais est-il si urgent de poser cette réforme sur le dessus de la pile ? D’augmenter la durée de cotisation ? De retarder l’âge de départ à , voire ans ? La réponse est tout sauf consensuelle. La rigueur budgétaire serait applaudie par l’électorat de droite et par l’Europe, qui voit les Français comme d’incorrigibles cigales. Le maintien du statu quo rassurerait la gauche, d’autant que l’espérance de vie en bonne santé, après avoir fortement progressé dans notre pays, « ralentit sensiblement », selon le Cor,
« depuis ».
Surtout, ce retour à l’orthodoxie financière résonnerait douloureusement comme une sortie du « quoi qu’il en coûte », un temps, dont nous ne sommes pas encore sortis, où l’État sortait des milliards d’un veston digne d’un gilet de pêcheur, pour tenir notre économie à flots. Des poches partout, toutes mystérieusement rembourrées. Et cette générosité publique a permis de passer le cap. Mais dès la rentrée, retour à la règle d’or ? À moins que la paix sociale, l’envie d’apaisement dans une France multitraumatisée, ne l’emporte sur toute autre considération. Faut-il battre en retraite, ce qui pourrait passer pour un manque de courage politique, ou prendre le risque, en , si le pays se déchire, de partir à la retraite ? Un choix qui repose entre les mains du président de la République.
« La période Covid a affaibli notre bonne vieille Sécu sans l’achever. »