Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
La crème des plongeurs au Dromont
Douze plongeurs s’élanceront depuis les roches rouges du cap Dramont demain et samedi. Mais pour l’heure, hier, place à l’entraînement face à de jeunes Raphaëlois émerveillés.
J eprends une grande respiration et j’essaie de ne penser à rien. » Avant de sauter d’une falaise haute comme un immeuble, voilà ce qui se passe dans la tête de Gary Hunt, champion du monde en titre de cliff diving (comprenez plongeon d’une falaise). La plus grande compétition internationale de haut vol se prépare. Il s’agit de la 12e édition du Red Bull Cliff Diving World Series qui a pris ses marques, cette année, pour la première fois, à Saint-Raphaël. Douze plongeuses et plongeurs s’élanceront de 21 et 27 mètres demain et samedi. Avant cela, hier, à bord du Saint-Raphaël 4, des Raphaëlois de 16 à 25 ans, invités par la Ville, ont embarqué pour assister à l’entraînement exclusif des athlètes.
Six étapes à travers l’Europe, actuellement, pour cette 12e édition, six plongeoirs uniques, dont l’étape raphaëloise. Après cinq ans d’absence dans l’Hexagone, l’élite du plongeon extrême est de retour ! Et c’est sur le site exceptionnel du Dramont qu’ils ouvrent la danse.
Pour l’occasion, la falaise est revêtue de deux plateformes à l’effigie de la boisson énergisante. Des grandes échelles à même la roche, nichées dans un spot privilégié, amènent jusqu’au sommet. Gary Hunt est déjà séduit : « C’est génial, le temps est idéal, il n’y a ni vague ni vent, c’est très calme, ça enlève un peu d’appréhension. On est très content d’être ici. Je viens d’Angleterre et je peux vous dire que vous avez de la chance d’habiter dans un tel endroit », confie-t-il à l’assemblée de jeunes. De bonnes conditions pour la grande reprise : « Ça fait presque deux ans qu’on n’a pas plongé de 27 mètres, révèle-t-il. C’est la plus longue période off que j’ai connue, ça va me sembler très haut. ». En cause : la crise sanitaire.
Entraînement de haut vol sous haute pression
Il bascule d’un pied à l’autre. Gary Hunt a presque les frissons quelques minutes avant ses premiers sauts. « Il va falloir que je reprenne mes repères. Les jours d’entraînement sont les plus compliqués, il y a du doute et toujours du stress. Le jour de la compétition, l’adrénaline aide beaucoup. » Ce goût du risque, c’est ce qui le motive : « C’est un challenge, j’aime apprendre à repousser mes limites, il faut oser dépasser ses peurs dans la vie. Il ne faut pas penser à ce qui peut arriver de mal. » Devant de tels enjeux, l’ambiance reste amicale : «On n’est pas dans la rivalité, on espère juste finir la compétition tous sains et saufs. »
Car qui dit sport de l’extrême dit danger. La moindre inclinaison a des conséquences. Déjà blessé par le passé, il souligne l’importance de la préparation mentale et physique. Juste avant le grand saut, l’athlète explique son état d’esprit : « La plupart du travail, c’est d’être détendu tout en essayant de prendre du plaisir. On pense aussi aux petits détails techniques, aux erreurs à ne pas réitérer. Il faut aussi penser à manger léger ». Tout en haut, face au vide, les corps se contorsionnent, chaque membre y passe. Ils s’échauffent avant de transpercer l’eau à presque 85 km/h. Les yeux, tout écarquillés, sont rivés sur les silhouettes athlétiques prêtes à s’élancer dans le vide. Des «ouah!» sortent de la bouche des jeunes conviés. La danse avec la gravité dure trois secondes. En chute libre, les figures acrobatiques s’enchaînent. Le jour J, le plongeur effectuera quatre sauts, « 2 faciles et 2 difficiles » devant cinq juges positionnés sur une plateforme en contrebas de la falaise. Le tout est de partir bien droit, d’être aligné et d’arriver le corps bien gainé, pieds en premier dans l’eau sans faire trop d’éclaboussures. Le contact avec la surface aquatique, aussi dure que du béton, provoque un bruit sourd. La résistance est telle qu’ils ne vont pas plus profond que 4 à 5 mètres. Le retour à la surface se fait sous les applaudissements du public massé sur un canoë, semi-rigide ou plus grosse embarcation. Un jet-ski à l’effigie de la marque les réceptionne et c’est reparti pour un tour...
Un champion tricolore ?
Installé depuis dix ans en France, le Britannique Gary Hunt a décidé de commencer les compétitions sous le drapeau tricolore. C’est la première fois qu’il concourt sous ces couleurs : « Je vais faire de mon mieux pour être sur le podium et faire sonner La Marseillaise », promet-il fièrement. Devant les jeunes Raphaëlois inspirés, eux aussi, à tenter de réaliser leurs plus beaux sauts cet été, il livre ses meilleurs conseils : « Il faut toujours vérifier la profondeur et aller dans l’eau avant de sauter, ne jamais plonger tout seul. Et si vous pensez faire de la compétition, c’est dans un club de plongée qu’on apprend le mieux. » Avec l’Australienne Rhiannan Iffland, les deux champions en titre se feront-ils détrôner face à la nouvelle génération ? Réponse ce week-end. La compétition se déroule à huis clos. Alors rendezvous dès 14 h devant le palais des congrès pour assister à la retransmission en direct sur écran géant ou sur le web. Les curieux qui voudront s’approcher en bateau seront limités par un périmètre de sécurité de 100 mètres. De quoi assurer la bonne sécurité des plongeurs.