Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
« Chaque marin est un ambassadeur »
Nommé chef du Centre d’information et de recrutement des forces armées (CIRFA) de Toulon à l’été, le capitaine de corvette Axel Ferrand n’a pas encore vraiment posé son sac à terre. « J’ai embarqué cet été », lâchet-il spontanément pour évoquer ses nouvelles fonctions dans les ressources humaines. Entretien avec le responsable du recrutement de la Marine nationale pour tout le secteur Sud-Est.
Avec un objectif de recrutement de personnes pour (soit de plus que cette année), la Marine nationale ne connaît pas la crise.
Non, effectivement. La Marine nationale est un employeur reconnu auquel les jeunes français s’intéressent, que ce soit pour faire carrière ou acquérir une première expérience professionnelle. Elle ne connaît donc pas de difficultés particulières à recruter le personnel dont elle a besoin. Aussi bien quantitativement que qualitativement. Mais cet objectif de personnes pour ne représente pas une hausse des effectifs de la Marine. Ça correspond à un flux naturel imposé par l’impératif de jeunesse. Globalement, le nombre de marins reste stable, autour de personnes.
Pas même la crise sanitaire ? La Covid n’a eu aucun impact sur votre mission en ?
En tout cas, ça n’a pas détourné les jeunes Français de la Marine. La Covid n’est même pas un sujet lors de nos échanges avec les candidats. Mais bien sûr, on a dû s’adapter à ce nouveau contexte. Avec l’annulation des Journées Défense et Citoyenneté, la fermeture des classes de préparation militaire marine, en gros la fin du présentiel, il a fallu imaginer de nouvelles façons pour toucher les jeunes. Grâce à nos bases de données, on a par exemple relancé par téléphone tous ceux qui s’étaient renseignés, avaient entamé une première démarche sur le site etremarin.fr ou auprès du e-CIRFA Marine lancé l’an dernier. Ce qu’on appelle de la prospection dure. Dans la même logique numérique, on a également participé à des e-salon qui se sont montrés efficaces.
On disait pourtant les jeunes, et leur besoin d’être toujours connectés, moins attirés par le métier de marin. Votre discours a-t-il changé pour les convaincre ?
Là encore on a su s’adapter. On est en train de répondre progressivement à ce besoin de rester connecté. Dès qu’on arrive en escale, une borne wifi est installée. Et tout en faisant très attention à ce que ça ne nuise pas à l’esprit d’équipage, à la cohésion, Internet arrive en mer. Pour ce qui est du discours, marin est un métier de contraintes, qui implique une disponibilité de tous les instants et de la mobilité géographique. L’essence même du marin est de naviguer. Lors des processus de recrutement, on ne vend pas du rêve, mais on tient un discours de vérité. Un jeune qui embarque sait exactement à quoi s’attendre.
Parlez-nous du concept
« Marins tous recruteurs ! ».
La mer reste un monde mystérieux. Ça peut être un frein au recrutement. On est parti du principe que ceux qui en parlent le mieux sont les marins qui naviguent. Pour répondre aux questions des jeunes intéressés par la Marine, lever leurs doutes, on a décidé de les mettre en contact avec des marins. On a ainsi identifié quelque deux cents ambassadeurs, tous volontaires, prêts à expliquer leur métier. Pour dialoguer avec eux, il suffit de prendre un rendez-vous sur etremarin.fr ou la plateforme My Job Glasses, une start-up française spécialisée dans les ressources humaines, avec qui nous avons signé un partenariat.
Y a-t-il des métiers sous tension ?
Pour les métiers de l’aéronautique ou en lien avec les chaufferies nucléaires, on est en concurrence avec le secteur privé qui propose souvent une meilleure rémunération. Mais la Marine nationale a d’autres atouts pour séduire les jeunes. J’en suis l’exemple : j’ai fait l’Edhec, une école de commerce. Si j’ai rejoint la Marine, ce n’est pas pour l’argent, mais pour m’épanouir dans un métier au profit de l’intérêt général. Consciente qu’un marin sera d’autant plus performant que la base arrière est solide, la Marine fait également des efforts pour prendre en compte les besoins de la famille. Tout récemment, le « Plan Famille » a par exemple proposé de nouvelles mesures pour l’emploi des conjoints.