Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
Gilles Panzani, le trait d’union
L’intendant historique du RCT a tout vu et tout connu depuis plus de trente ans. Il a bien voulu ouvrir son armoire aux souvenirs pour nous amuser un peu à travers deux histoires cocasses
On ne présente plus Gilles Panzani. Comme on dit par chez nous, c’est une figure locale incontournable. Homme de spectacle à ses bonnes heures, capable d’imiter les grands et les petits de son monde, intendant dévoué du RCT depuis plus de 30 ans maintenant. Un oeil en moins depuis un accident de travail à ses 18 ans, mais tellement d’humour, et de générosité en plus…. Et surtout un attachement et un dévouement indéfectible au RCT que l’ancien ouvrier de «la sorbe», originaire de Pamiers où il est aller se retrancher, n’a jamais renié. De toutes les Républiques toulonnaises depuis 1991, et même 1987 où il s’occupait déjà de la Nationale B, Gilles Panzani s’est au fil des années fondu avec l’image du RCT pour devenir aujourd’hui le trait d’union entre les générations et les hommes. Beaucoup plus qu’un simple secrétaire d’équipe, Gilles est tout à la fois : le bout en train, la maman, le papa, l’ami fidèle des joueurs et une aide précieuse pour les managers, un repère aussi pour tous les adversaires du Ercété… Au coeur du vaisseau rouge et noir et de toutes les épopées modernes toulonnaises, le bonhomme qui flirte avec les 70 printemps a tout vu et tout connu avec le club. Quelques saisons totalement abouties mais aussi de moins mûres. Quelques petits hommes aussi mais beaucoup de grands avec qui il a pu partager des moments aussi privilégiés qu’inoubliables. Pendant cette période de confinement qu’il a choisi de vivre au vert, à Ventenac en Ariège, Gilles a pris le temps de rouvrir une peu son armoire aux souvenirs. Pleine d’anecdotes et des petites histoires qui ont fait la grande. Un jour il les couchera peut-être toutes sur le
papier pour en faire un livre. Aujourd’hui, alors que les nerfs de certains «confinés» ont pu - et peuvent toujours - être soumis à rudes épreuves, il a choisi d’en raconter deux pour illustrer le flegme britannique… Avé l’accen et la faconde évidemment...
Jonny Wilkinson horrifié
La scène se déroule à l’avant-veille de la demi-finale de Top 14 Toulon - Clermont de 2012 qui doit se disputer à Toulouse. Alors que le groupe a fini de s’entraîner sur le petit stade Cassayet à Narbonne et qu’il rentre vers 11h30 pour déjeuner à son hôtel situé un peu à l’écart, entre vignes et campagnes, Jonny Wilkinson continue de taper encore et encore, au but. C’est évidemment
Gilles qui doit le ramener, et Bernard Laporte a pris soin de leur préciser de ne pas trop tarder car l’équipe doit prendre la route de Toulouse dès 16h30… Quand l’heure sonne d’arrêter, la police municipale propose gentiment son aide à l’intendant toulonnais pour retrouver le chemin de l’hôtel. «Je connais le coin par coeur» affirme alors Panzani qui prend donc la route avec Sir Wilkinson. Manque de chance, alors qu’il bavarde avec l’Anglais sur l’autoroute, Gilles rate la sortie Narbonne-plage qui doit les ramener à bon port. Rien de grave en soi mais très contrariant pour l’Anglais, habitué à tout contrôler… Car Panzani qui connaît effectivement le coin sait qu’il va devoir faire 35 kilomètres (et autant retour) avant de pouvoir revenir sur ses pas… Confus, et alors qu’il ne sait plus comment s’excuser, il propose alors à Jonny un truc impossible :«si tu veux, on peut essayer d’emprunter une sortie de secours pour sortir plus vite et couper par les vignes» lui dit-il alors. Et d’ajouter, très sérieusement : «j’ai un marteau dans la voiture (il n’en avait pas, Ndlr). Si c’est fermé, on cassera le cadenas…»
Vous imaginez le regard affolé et même horrifié de Jonny? De fait, l’Anglais refuse catégoriquement cette option sauvage : «non, non surtout pas ! Je ne veux pas d’histoires!» Et les deux compères arrivent donc à l’hôtel aux alentours de 14 heures quand tout le monde est déjà sorti de table. Jacques Delmas s’en amuse et fait tout de suite monter la pression. Lorsque Gilles s’avance vers Bernard Laporte qui les attend sur le perron, il est dans ses tous petits souliers. Et pense qu’il va «morfler»:«mais qu’est-ce que t’a branlé là, té fou ou quoi, té complètement branque… Dépêchez vous d’aller manger!» se contente de lui hurler Bernie en folie.
Bien heureusement le surledemain, le RCT bat Clermont 15-12 grâce à cinq pénalités de Jonny contre quatre de Morgan Parra, et l’affaire est oubliée. «On en a même rigolé après. Jonny ne m’en a jamais voulu. Il ne m’en a plus jamais reparlé. Mais franchement si on avait perdu, je me voyais mal...» reconnaît Panzani aujourd’hui.
Simon « Shaw devant ! »
La même année, trois mois avant, à l’occasion d’un déplacement à
Perpignan, c’est l’immense seconde ligne anglais Simon Shaw (2, 05m) qui a subi les frasques de notre joyeux drille : «Simon Shaw avait souvent mal au dos et ne supportait pas de voyager en bus. Avec Tom Whitford, on décide donc de l’installer avec moi, dans le Volkswagen Touran avec des coussins qui lui permettent de s’allonger. Même s’il a les pieds dans le parebrise et la tête dans le coffre arrière, cela lui convient et on prend la route tranquille. Il lit, téléphone, on roule impeccable. Jusqu’à ce que nous approchions de la destination. Là, je m’inquiète de savoir où est l’hôtel et je commence à faire des recherches sur mon portable. Alors que je roulais en trafiquant mon téléphone, je vois son regard inquiet dans le rétroviseur et je comprends qu’il est en ligne avec Tom Whitford, lui demandant alors : “tu m’a dis que Gilles n’avait qu’un oeil. C’est normal qu’il conduise en bricolant son téléphone ?” En fait il était mort de trouille et à l’arrivée, je peux vous assurer qu’il n’avait plus mal au dos, mais surtout au ventre. Tom m’a d’ailleurs fait savoir ensuite que Simon Shaw lui avait dit que je conduisais bien mais qu’il ne monterait plus jamais avec moi en voiture.»
‘‘ Mais qu’est ce que t’a branlé, té fou ou quoi, té complétement branque ”