Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

Mama Mia

De retour, Mama Seibou revient sur sa formidable aventure à la CAN avec le Bénin, dont il est devenu l’un des héros. Le Sporting compte bien sûr sur lui

- GUILLAUME RATHELOT PHOTO EPA MAXPPP/RYAN WILKISKY 1. Un reportage de l’ORTB est à voir : https://urlz.fr/a8My

Après quelques pas d’élan et une frappe du droit limpide, il est rentré dans l’histoire de son pays. Ce vendredi 5 juillet, Mama Seibou, un joueur de National 2, a envoyé le Bénin en quart de finale de la Coupe d’Afrique des nations. Ce tir au but décisif, inscrit contre « le grand Maroc », a fait chavirer les fans des Écureuils, en liesse de Parakou, où sa famille était en transe (1), à Porto Novo, la capitale. Malgré l’éliminatio­n à suivre face au Sénégal, le Bénin – où le football est une religion presque aussi importante que le vaudou – a réalisé le meilleur parcours de son histoire àlaCAN.« C’est énorme pour moi, c’était ma première participat­ion. J’ai essayé de donner le maximum de moi-même », raconte-t-il, le visage illuminé.

À bicyclette et « petit vieux »

Mama, suivi aussi par ses coéquipier­s du Sporting, est alors entré dans une nouvelle dimension. Il a été accueilli, avec sa sélection, en héros à Cotonou, par « le peuple béninois ».« Comme si on avait été champions d’Afrique ».

« En tant qu’homme », toute cette aventure l’a

« fait grandir ».

Après une quinzaine de jours de vacances auprès des siens, il est revenu en toute quiétude à Toulon, fin juillet. Et a déjà réenfilé la tunique azur et or, vendredi dernier. En se rendant, comme à son habitude, au stade à bicyclette

(« j’en fais depuis mon enfance, mon père m’avait acheté un vélo ; et je n’ai pas le permis »).

Arrivé dans le Var l’été dernier, le joueur de 23 ans était, alors, un inconnu. Il est resté loin des lumières pendant la saison écoulée. C’est que Mama aime se faire discret. Pas le plus brillant sur le terrain, pas le plus bavard dans les vestiaires. « C’est notre petit vieux à nous ! Il est une pièce maîtresse dans le groupe même s’il ne parle pas beaucoup et qu’il n’est pas “foufou”. C’est un bosseur, humble », décrit son partenaire Anthony Ouasfane, fier de lui.

Comme N’Golo Kanté

Il a découvert un autre homme devant son écran, lors de ce match contre le Maroc. Mama raconte ce fameux tir au but, qu’il n’oubliera jamais : « C’est un jeu que j’adore. Grâce à mon papa, un ancien footballeu­r, qui m’a dit : “si tu veux être un grand joueur, il faut prendre tes responsabi­lités”. Juste avant, je me suis dit qu’il fallait que je le mette ; je me suis concentré, j’ai tiré et c’est rentré. Juste après, j’ai enlevé mon maillot, j’étais fou de joie et je ne savais plus où m’arrêter ! »

Pour certains, Mama rappelle un certain N’Golo Kanté. Déjà par son poste – milieu de terrain plutôt défensif –, son abattage et son style. Mais aussi par sa petite taille. L’intéressé en sourit. « Ça me fait plaisir d’être comparé à lui, car c’est un grand joueur. Il est aussi passé par le CFA, le National... Et maintenant il joue à Chelsea. Il a grandi et il est champion du monde. Moi, pourquoi je ne serais pas un jour champion d’Afrique avec le Bénin ? », demande Mama Seibou, qui souhaite évoluer un jour en Angleterre.

Grasses matinées et mauvaises notes

Si son rêve se réalise, le joyeux jeune homme n’oubliera jamais son enfance et ses racines à Parakou. Il se souviendra de son père, qui l’obligeait à se lever bien plus tôt que 10-11 heures pour aller s’entraîner. De cette école où, de son propre aveu, il n’était pas un très bon élève. Des tournois de quartier avec ses frères. Des coups de pédale quotidiens pour rejoindre son académie... Mais d’abord, il sait qu’il doit encore franchir les étapes. Digérer la CAN, déjà, et se remettre dans le bain avec le Sporting. Et continuer à travailler dur, répète-t-il. « J’ai envie que Toulon monte en Ligue 2 », clame le Béninois, qui assure ne pas avoir été sollicité malgré son été faste.

« Marquer au moins cinq buts »

Son entraîneur veut l’accompagne­r dans cette ascension annoncée. « Mama a un état d’esprit irréprocha­ble. C’est un vrai guerrier, solidaire. Un joueur d’équipe. La CAN a dû l’enrichir sur certains points comme les duels, note Fabien Pujo. À son poste, aussi, ce qui fait la différence, c’est la faculté à être bon dans la verticalit­é, dans la passe qui casse les lignes. Là-dessus, il a une marge de progressio­n. Il faut qu’il amène toute l’équipe vers l’avant à la récupérati­on par la première passe. »

Mama Seibou acquiesce et tient une autre promesse. « L’an dernier, je n’ai pas marqué. Mais on jouait souvent en 4-3-3 et je jouais devant la défense. En 4-4-2, je peux davantage me projeter vers l’avant et c’est ce que je préfère. Je veux marquer au moins cinq buts ! » Sur penalty, ça compte aussi...

‘‘ À son poste, ce qui fait la différence, c’est la faculté à être bon dans la verticalit­é”

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France