Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
Brexit : Macron et Johnson campent sur leurs positions
Hier à l’Elysée, le chef de l’État et le Premier ministre britannique étaient disposés à chercher jusqu’au bout l’introuvable accord de sortie de l’Union européenne
Boris Johnson et Emmanuel Macron ont affiché, hier, un ton plus conciliant sur le Brexit, affirmant leur volonté de trouver un accord pour une sortie ordonnée du Royaume-uni de l’UE, et jugeant possible de s’entendre sur la frontière irlandaise, même si le président français a réaffirmé les lignes jaunes.
« Je veux un accord », a déclaré le Premier ministre britannique à son arrivée dans la cour de l’Elysée pour la deuxième étape de sa première tournée à l’étranger depuis son arrivée au pouvoir fin juillet. « Je pense que nous pouvons avoir un accord et un bon accord » en vue d’un Brexit le 31 octobre, a-t-il insisté.
A son côté, Emmanuel Macron s’est montré plus prudent mais s’est déclaré « confiant » qu’une solution puisse être trouvée « dans les trente prochains jours » entre Londres et les Vingt-Sept. Mais au fond, «je vais être ici très clair : dans le mois qui vient, on ne va pas trouver un nouvel accord de retrait qui soit loin des bases », a-t-il prévenu, en référence au dispositif sur la frontière irlandaise, point de blocage entre les deux parties.
Avec cette confiance affichée, le Président français s’est placé sur la même ligne que la chancelière allemande Angela Merkel qui, en recevant Boris Johnson mercredi, avait
jugé possible de trouver « dans les 30 prochains jours » un accord pour éviter un « Brexit dur », redouté par le monde des affaires des deux côtés de la Manche.
L’Europe ne veut pas endosser un « no deal »
La chancelière a d’ailleurs précisé au même moment, depuis La Haye, qu’un accord était possible jusqu’à la dernière minute, jusqu’au 31 octobre. Après ces diverses déclarations, la livre sterling a progressé de 1 %, poussée par cet optimisme apparent. Pour autant, il n’y a pour l’instant rien de concret derrière ces mots. « Nous attendons des faits nouveaux, des idées exploitables », avait expliqué avant la rencontre MacronJohnson un haut responsable européen, sous couvert d’anonymat. Mujtaba Rahman, analyste pour Eurasia Group, estime que l’Union européenne (UE) cherche surtout à éviter d’endosser la responsabilité d’un no deal.
« Ils disent à Boris, tu persistes à dire qu’il y a une autre manière d’y arriver. Tu as trente jours pour parvenir à faire ce que vous, les Britanniques, n’avez pas pu faire en deux ans », at-il tweeté.
D’autant qu’Emmanuel Macron, qui a relevé qu’il était souvent dépeint, notamment par la presse britannique, « comme le plus dur de la bande » au sein de l’UE sur le Brexit, a rappelé que certaines conditions étaient incontournables. Le mécanisme dit de « filet de sécurité », ou backstop, prévu dans l’accord conclu entre Londres et l’UE en novembre 2008 mais rejeté ensuite à plusieurs reprises par le Parlement britannique, est un « élément clé ».
Des garanties pour l’Irlande
Il apporte des « garanties indispensables à la préservation de la stabilité en Irlande à l’intégrité du marché unique », deux points non négociables pour lui. Le backstop constitue une sorte de « police d’assurance » pour l’UE, visant à éviter qu’émerge à nouveau après le Brexit une frontière entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande au sud, au risque de réveiller le conflit sur l’île. Toutefois, « un travail doit pouvoir se faire » d’ici à «30jours» , a déclaré Emmanuel Macron, en insistant sur le fait qu’il doit l’être « dans le cadre de ce qui a été négocié » au cours des deux dernières années.
Les deux hommes, qui se retrouveront demain et dimanche au G7 à Biarritz, ont ensuite déjeuné, et, selon l’Elysée, ont eu une discussion « complète et constructive ». Sur le Brexit, le président et le Premier ministre britannique ont « souhaité que se poursuive d’ici à la fin septembre l’échange entre le RoyaumeUni et l’UE pour essayer d’atteindre un accord, dans le respect des principes fondamentaux européens ».