Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

« Une expérience enrichissa­nte »

Après huit mois passés à ronger son frein, retrouvera la Ford Fiesta R5 en terre galloise, puis il baptisera en Espagne la nouvelle Volkswagen Polo R5 qu’il a longuement affûtée

- PROPOS RECUEILLIS PAR GIL LÉON

DComme d’hab’, je m’efforce de ne pas trop regarder mon ordinateur. Mais il faut quand même s’informer un minimum. Alors, évidemment, je jette un coup d’oeil sur les chronos de chaque spéciale.

Au printemps, vous vous êtes rendu en Corse et en Sardaigne. C’était important ? Oui, il faut se montrer. Histoire qu’on ne vous oublie pas. Ces deux déplacemen­ts ont d’ailleurs porté leurs fruits car c’est là que ma participat­ion au Rallye d’Allemagne s’est matérialis­ée.

Après le Monte-Carlo, la coupure a-t-elle été brutale ? Comment vivezvous cette période d’inactivité ? Pas facile ! Dans la tête, les questions se bousculent. Au début, je me suis vraiment senti impuissant. Sans sponsor, pas de contrat. Donc impossible de jouer ma carte.

Une victoire en WRC au Monte-Carlo aurait-elle changé la donne ? Pas spécialeme­nt, non. On est tout de même vicechampi­on du monde WRC  avec la Ford Fiesta R. On enchaîne six podiums dont deux victoires dans la classe RC. Voilà, les places étaient prises. Et pour remonter en WRC, il fallait de l’argent.

À un moment, l’espoir de redémarrer s’est-il envolé ? Son rêve de coiffer la couronne de champion du monde Junior (JWRC) lors de cette première saison sans frontière s’est envolé dès vendredi. Sur les chemins ô combien hostiles du Rallye de Turquie, la Ford Fiesta R de Jean-Baptiste Franceschi a beaucoup souffert. En enchaînant crevaisons et pannes (arbre de transmissi­on cassé), le Fayençois de  ans n’est pas parvenu, ainsi, à saisir la - petite - chance qu’il avait de dépasser ses deux principaux rivaux sur le fil. C’est le Suédois Emil Bergqvist qui décroche la lune, mais le pilote de l’équipe de France FFSA (e) finit tout de même la tête haute : meilleur performeur du week-end avec sept temps « scratch » ! Même si l’horizon semblait bouché, je n’ai jamais songé être engagé dans une voie sans issue. Et à partir du moment où Volkswagen m’a accordé sa confiance pour développer la Polo R, en m’informant que l’auto serait engagée sur une course mondiale en fin de saison, c’était à moi de faire le job correcteme­nt pour leur donner envie de me confier le volant.

Avant de parler de la Polo, dites-nous pourquoi le team M-Sport a refait appel à vous pour l’Allemagne et la GrandeBret­agne ? C’est pour montrer que la Fiesta R reste une auto compétitiv­e. Bon, en Allemagne, j’avais quand même pas mal de pression. Après six mois « off », j’espérais parvenir à briller sur ce terrain que j’apprécie. Finalement, on se retrouve en tête durant cinq épreuves spéciales à mi-parcours. Quelque part, ça m’a rassuré. Dommage que l’alternateu­r nous empêche de concrétise­r.

Votre objectif outreManch­e dans trois semaines ? Essayer de faire mieux qu’en  et  du WRC, ndlr). C’est mon rallye sur terre préféré. Donc, j’espère bien être dans le coup. Si le feeling s’avère bon d’entrée, on va se lâcher ! Avec Volkswagen, comment le contact a-t-il été établi ? En février, quand ils ont su que mon contrat avec MSport n’était pas prolongé, Sven Smeets (l’ancien copilote, aujourd’hui directeur de VW Motorsport) m’a contacté pour me proposer de participer au développem­ent de leur nouvelle R. J’ai donc accompli une dizaine de journées. France, Allemagne, Espagne, Finlande, sur terre et asphalte.

En travaillan­t avec cette équipe, avez-vous compris pourquoi elle a dominé outrageuse­ment le championna­t du monde pendant quatre ans avec la Polo WRC ? Que ce soit à cette époque, où ils voulaient gagner des courses et des titres, ou maintenant, dans le développem­ent de ce kit R qu’ils vont commercial­iser, leur objectif est le même : construire la meilleure bagnole possible. Sans surprise, j’ai donc découvert une équipe très profession­nelle, qui ne laisse rien au hasard, qui peaufine chaque détail. Une expérience enrichissa­nte, vraiment.

Cette nouvelle Polo, elle va donner un coup de boost au WRC, le tirer vers le haut ? Oui, c’est une auto très efficace. Elle m’a impression­né. Maintenant, j’ai hâte de voir où elle va se situer d’entrée face à la concurrenc­e.

Le Rallye d’Espagne, ce sera une séance d’essais grandeur nature où une course pour viser tout de suite la victoire? Le but prioritair­e, je pense que c’est de réaliser une belle performanc­e. Tirer la quintessen­ce de la voiture sur les deux surfaces puisque le terrain est mixte. Après, évidemment, ils vont engranger une multitude de données à analyser. De quoi optimiser un peu plus leur produit avant sa mise en vente.

Concernant votre coéquipier du week-end, dont l’identité reste à dévoiler, deux grands noms circulent : Petter Solberg et Marcus Grönholm. Un tel test comparatif peut-il générer chez vous un surcroît de motivation ? Sûr que je serai ravi de les côtoyer, l’un comme l’autre. Même si on ne les a pas vus courir en rallye depuis longtemps, ils sont champions du monde ! Maintenant, on parle aussi de Pontus Tidemand (le Suédois couronné en WRC devant lui l’an dernier). Lui, ça me plairait aussi de l’affronter pour la première fois à armes égales...

Un mot sur le WRC pour conclure : peut-on dire qu’il y a plus de chances de vous voir revenir dans la catégorie reine en  si Ogier quitte l’équipe M-Sport cet hiver ? Je ne sais pas. S’il s’en va, une place se libérera, bien sûr. S’il reste, il y en aura une disponible ailleurs. Mon ambition demeure plus que jamais de retrouver un volant pour disputer plusieurs manches. Aujourd’hui, il faut s’armer de patience, attendre que le marché des transferts se décante. Les discussion­s sont longues. Quand tous les pilotes de pointe seront casés, on pourra mieux évaluer nos chances.

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(Photos Jo Lillini et DR)
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