Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
Giovanni Soldini en toute amitié
Nouveau recordman du monde de la « Route du Thé », le grand skipper italien a fait escale dans la cité de l’Archange pour remercier son «routeur» Pierre Lasnier. Rencontres
Il s’appelle Giovanni Soldini. Vous connaissez? Pas sûr, si vous n’êtes qu’un simple « terrien» lambda peu porté sur le monde la voile et sur ceux qui ont écrit et écrivent la légende à grands coups d’exploits sportifs en tous genres. Et hors normes. Un monde que cet Italien de 51 ans, né à Milan, a appris à maîtriser depuis son premier «Atlantique», effectué à 16 ans. Au point de s’inscrire dans la digne lignée des Tabarly, Poupon, Fauconnier, Arthaud, Gabart, d’Aboville, Lamazou, de Kersauson, Autissier et consorts ayant construit le mythe.
Merci Pierrot!
Le teint buriné par l’air marin, une barbe de plusieurs semaines, le sourire large et chaleureux comme la poignée de mains et les éclats de rires, Giovanni n’a évidemment rien d’un col blanc guindé et transpire la sympathie. Il était, l’autre jour, de passage à Saint-Raphaël, chez son « pote », Pierre Lasnier. Son « routeur ». Pour le remercier. Car l’ancien patron de « Météomer », aujourd’hui à la retraite et retiré des affaires, a gardé la main et le virus et n’est pas pour rien dans le dernier exploit réalisé par Giovanni Soldini, qui vient de boucler la « Route du Thé », entre Hong-Kong et Londres, en 36 jours, 2 heures et 37 minutes à bord de son Trimaran Maserati
de 70 pieds, pulvérisant ainsi le dernier record de Lionel Lemonchois, établi en 2008. « On s’est bien amusés… » confiera l’Italien, rigolard, rajoutant admiratif à l’intention de son routeur « c’est grâce à lui. Pierre est inimitable dans sa science de la navigation et sur les routes maritimes à emprunter. D’ailleurs, il m’a tout appris dans ce domaine. Cet exploit, c’est aussi le sien… » Un compliment qui sera allé droit au coeur de celui qui, toute sa vie, « routa » tous les skippers de l’extrême précités vers la gloire, élevant sa science en art. Tout autant chaleureux et sympathique que son « élève » reconnaissant. Un grand moment de convivialité, rehaussé par la présence d’un pur Raphaëlois, Jean-Claude « Gigi » Lovera, lui aussi tombé dans le chaudron des courses hauturières dès son plus jeune âge et grand connaisseur des mers et océans du globe. De même que par celle de Philippe Monet, l’un des grands noms de la voile, venu participer à cette fête de l’amitié, qui s’est terminée autour d’un coup de fourchette n’ayant rien d’une « solitaire », à la table de l’Excelsior voisin, où chacun est « remonté au près », dans l’ambiance chère aux gens de mer. Sans rations de survie, bien sûr. Précisons, pour la grande histoire, que Giovanni Soldini est décoré de la Légion d’honneur depuis que, en 1998, participant au « Bock challenge», il se dérouta pour venir au secours d’Isabelle Autissier, qui venait de chavirer en plein Pacifique sud. Lui sauvant ainsi la vie.