Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
Cancer : un portail pour éviter de se perdre Nouveau
Lorsque son patient est atteint d’un cancer, le médecin généraliste n’a pas toujours à sa disposition les moyens de le guider. Un portail a été créé pour lui faciliter la tâche
Renforcer les liens entre les acteurs de ville et les équipes des établissements autorisés à traiter le cancer : c’est un des objectifs du Plan cancer III. Souvent « oublié », le médecin généraliste est pourtant celui vers lequel le patient se tourne tout naturellement lorsqu’il est inquiet, qu’il a déjà été diagnostiqué, mais aussi dans la période post-traitement. Dans ce contexte, l’Agence régionale de santé Paca a missionné le réseau régional de Cancérologie OncoPaca-Corse pour créer un portail d’information dédié aux professionnels de santé de ville prenant en charge des patients atteints de cancer: ProInfosCancer.fr Le Dr Michèle Pibarot, médecin coordonnateur du réseau régional de cancérologie Paca-Corse, a largement participé à son élaboration.
Quelle est la principale fonction de ce portail? Le but est de faciliter la tâche des professionnels de premier recours, en concentrant plusieurs types d’informations en un seul lieu : où adresser le patient (tous les établissements ne sont pas autorisés à traiter le cancer), comment l’orienter rapidement, et une fois que le patient a été pris en charge, comment assurer le lien, contacter les équipes et ensuite faciliter le suivi de ce patient ? Dans une région aussi grande que PACA, il y a plus de établissements autorisés ! Sans compter toute l’offre de ville, en termes de soins de supports… Pour chaque établissement, les numéros les plus importants, directs, sont indiqués, afin de gagner du temps.
Les généralistes ne disposent-ils pas déjà de ces informations ? Lorsque l’on doit gérer, comme c’est le cas des généralistes, des patients avec des pathologies très différentes, il est difficile de connaître toutes les organisations, tous les intervenants etc. Un généraliste doit gérer au cas par cas ; s’il a l’habitude de travailler avec un gynécologue, il peut orienter vers ce spécialiste sa patiente atteinte d’un cancer du sein, mais ce gynécologue ne traite peut-être pas cette pathologie… Chaque médecin traitant n’a pas forcément de contacts privilégiés avec des professionnels de l’oncologie.
Ce défaut de lisibilité de la prise en charge en cancérologie a-t-il des conséquences péjoratives ? Il peut encore aujourd’hui y avoir du retard au diagnostic du cancer, c’est une évidence. Et les difficultés d’orientation peuvent rallonger les délais de prise en charge, avec le risque d’une petite perte de chance lorsqu’il s’agit de cancer à évolution rapide. Il y a aussi l’aspect anxiogène pour le patient ; lorsqu'il doit attendre des semaines avant de passer un scanner, tout en se disant qu’il souffre peut-être d’un cancer, on imagine combien la situation est difficile à vivre.
D’autres professionnels de santé sont-ils concernés par ce portail ? Tout à fait. Inquiétée par la découverte d’une anomalie lors d’un examen, une patiente peut tout à fait se tourner vers son infirmière à domicile, son pharmacien, ou son kiné et lui dire:« je ne sais pas qui aller voir ? » Et ces professionnels n’ont pas forcément toutes les informations sur la pathologie, le type de prise en charge, le lieu…
Le site est aussi accessible aux patients. N’est-il pas risqué de les laisser accéder à certaines infos ? Nous n’avons volontairement pas donné d’informations sur le pronostic des cancers par exemple. Mais, de toute façon, les patients comme les professionnels sont plus à la recherche d’éléments pratiques… Nous avons par exemple élaboré des fiches sur les effets secondaires des traitements, simplifiées pour les patients, plus scientifiques pour les professionnels. En nous appuyant sur des sources nationales. Je le répète, notre but est d’être des facilitateurs : « Je cherche une information sur le cancer, RCP, les soins de support, etc., je vais sur ce site et je vais la trouver. »
Avez-vous établi des classements en termes de qualité de prise en charge ? Non, ce n’est pas notre objectif. Nous nous concentrons sur ce qui est autorisé ou pas, quelles sont les recommandations de bonne pratique, depuis le dépistage jusqu’aux soins palliatifs… Après, nous pouvons bien sûr pointer des centres d’expertise pour des cancers rares. Mais lorsque, pour certains cancers fréquents, vingt établissements sont autorisés, on ne peut pas établir de différences entre les établissements. D’autant que le patient est souvent guidé dans ses choix, par sa préférence pour le secteur public ou privé, parce qu’il a entendu parler de tel ou tel médecin.
Il peut y avoir encore du retard au diagnostic