Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

Rugby : Thomas Garcia ne botte pas en touche

Avant d’être entraîneur à l’AMSLF, Thomas Garcia a eu une carrière bien remplie. Du Top 14 à la sélection marocaine, le trentenair­e est un véritable passionné du ballon ovale

- ALEXANDRE DEMESY

Rien ne le prédestina­it au rugby, c’est par le plus grand des hasards que Thomas Garcia est entré dans le monde de l’ovalie pour y gravir les échelons. « Lors de mes neuf ans, j’ai décidé avec mon frère d’aller m’inscrire au foot. On faisait le trajet avec un copain d’école qui, lui, jouait au rugby. Tout le long du chemin, il nous a demandé de venir essayer. Du coup on a testé et on n’a jamais quitté ce sport. On a eu un coup de coeur. » C’est au club de Lavelanet, dans l’Ariège, que Thomas touche ses premiers ballons avec son frère Matthias. Deux frères qui auront passé toute leur carrière ensemble. « On a toujours joué ensemble à part une année. On est un peu comme des jumeaux, on a que onze mois d’écarts. On a toujours fait nos choix à deux. Pour les clubs, c’étaient soient ils nous prenaient ensemble soit ils avaient personne. »

J’ai appris à m’affirmer”

Le Toulousain gravit les échelons, dès l’âge de 18 ans, et se retrouve en Pro D2 à Périgueux ou il devient titulaire. « C’était ma première année espoir, il a fallu gagner sa place. À mon poste, le joueur était un peu âgé donc il fallait faire un roulement. Petit à petit, j’ai gagné du temps de jeu et on a fait plus de la moitié des matchs. » Après un titre de vice-champion, (à droite) Thomas est repéré par le Castres Olympique et s’engage avec le club évoluant alors en Top 14. « Si je dois avoir un regret dans ma carrière, c’est peut-être celui de ne pas être resté un an ou deux de plus en Pro D2. Cela m’aurait permis de gagner plus de temps de jeu et d’affirmer ma place de titulaire. » À Castres, le jeune homme de 19 ans en profite pour faire son service militaire, où il remporte les championna­ts de France militaire. En club, ils côtoient les meilleurs rugbymen français de l’époque, même si son temps de jeu en Top 14 est inexistant. Et pour cause, Thomas évolue au même poste que Thomas Castaignèd­e, l’internatio­nal français sélectionn­é à 54 reprises avec les Bleus. Il eut tout de même l’occasion de porter le maillot du Castres Olympique lors d’un match de challenge européen. « J’avais une grosse pression, le stade était plein, c’était à Bourgoin. On a dû perdre 309, mais j’avais mis les neufs points de l’équipe… donc j’étais content. On avait beaucoup de blessés, c’est aussi pour cela que j’ai été aligné titulaire. Ca reste un supersouve­nir, le match avait été télévisé sur France 3. » Un poste de buteur où les responsabi­lités sont grandes, ce qui a toujours plu au Toulousain. « Ca rajoute une pression, car tu peux gagner ou perdre sur une pénalité. Mais c’est ce qui me plaisait. Je me suis toujours battu pour être buteur numéro un, sinon c’était une pression qui me manquait. Jeune, j’étais timide et le fait d’avoir un poste important m’a beaucoup aidé. Il fallait prendre la parole, j’ai appris à m’affirmer. » Durant cette année dans le Tarn, Thomas évolue sans son frère parti à Bayonne. « On avait envie de rejouer ensemble. Castres voulait me garder et mon frère était en contact avec un club de Pro D2. Mais aucune des deux équipes nous voulait ensemble. Du coup on a voulu tenter l’aventure à Nice. » Un séjour niçois qui finalement n’aura jamais vu le jour suite à un contre temps de dernière minute. «On était sur la route pour aller signer et à hauteur de La Ciotat, le téléphone sonne et on nous dit : désolé le club a explosé, il n’y a plus de président on ne peut plus vous recevoir. » Après une période de réflexion sur son avenir, il n’envisage plus de jouer en Top 14 ou Pro D2. « On savait que c’était une passion. Ce n’est pas qu’on ne voulait pas en faire notre métier mais dès que je faisais deux fois du rugby par jour, je commençais à saturer. On ne voulait pas que ce soit uniquement notre objectif principal. On misait sur le fait de trouver un travail, on savait très bien qu’après le rugby il fallait faire autre chose. En Top14 ou Pro D2 c’était impossible d’allier les deux. » En évoluant dans des niveaux inférieurs, il a passé des diplômes dans l’animation. Mais sa carrière a surtout pris un tout autre tournant avec la découverte des exigences internatio­nales. « Je ne regrette pas, car en faisant le choix de descendre de division, on s’est fait repérer avec Matthias par le sélectionn­eur du Maroc qui entraînait Hyères-Carqueiran­ne. Comme notre père est né au Maroc, on a monté un dossier qui nous a permis de devenir internatio­naux marocains. À Castres, ça ne serait peut-être jamais arrivé.» En sélection, il retrouve le haut niveau et étend son palmarès. « On a gagné deux fois la Coupe d’Afrique, et on loupe à trois reprises la qualificat­ion pour la Coupe du Monde, dont deux fois lors du dernier match contre la Namibie. » Parallèlem­ent en club, il rejoint le CARF en 2001 toujours avec son frère et intègre la mairie de Fréjus comme éducateur sportif. Après dix années au sein du club, tous les deux décident de raccrocher les crampons. La reconversi­on est toute tracée pour le trentenair­e qui reste dans le milieu de l’ovalie pour endosser la casquette d’entraîneur. «J’avais anticipé deux-trois ans avant, en passant le brevet fédéral d’entraîneur. Au moment de mon arrêt, j’ai continué d’entraîner les juniors pendant un an avant qu’on me propose de coacher le CARF. » Une aventure mitigée avec une cinquième place lors de sa première saison. La deuxième année plus compliquée s’arrête à mi-saison après des résultats négatifs. Ne se laissant pas abattre, il monte avec son frère le projet de créer une équipe féminine. Après une année de préparatio­n, cette dernière voit le jour cette saison. « J’ai l’impression de retrouver le rugby de mes premières années. Elles viennent vraiment pour progresser et s’éclater. » Une carrière déjà bien remplie pour celui qui, à neuf ans, a croisé le rugby par hasard. Passionné de sport, il continue de travailler comme éducateur. Il s’occupe également avec son frère et Xavier Le Draoulec de séances multisport­s adaptées aux enfants souffrant d’un handicap mental.

L’impression de retrouver le rugby de mes premières années ”

 ?? (Photo Frank Tétaz) ?? Thomas Garcia est désormais à la tête de l’équipe féminine de rugby à l’AMSLF.
(Photo Frank Tétaz) Thomas Garcia est désormais à la tête de l’équipe féminine de rugby à l’AMSLF.
 ?? (Photo DR) ?? Thomas Garcia d’Afrique. et son frère lors du sacre en Coupe
(Photo DR) Thomas Garcia d’Afrique. et son frère lors du sacre en Coupe

Newspapers in French

Newspapers from France