Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
Bébé décédé: l’Uvestérol D va être retiré du commerce
L’Agence nationale du médicament (ANSM) a décidé de suspendre la commercialisation de l’Uvestérol D, un médicament contre les carences en vitamine D soupçonné d’être à l’origine du décès d’un nouveau-né peu avant Noël. La procédure, lancée hier, devrait aboutir dans les 48 heures. La ministre de la Santé Marisol Touraine a par ailleurs appelé « les parents à ne plus administrer d’Uvestérol D à leurs enfants », «à titre de précaution ». Le nourrisson, âgé de dix jours, était décédé le 21 décembre dans l’Essonne d’un arrêt cardio-respiratoire après avoir reçu une dose d’Uvestérol D. Ce médicament pour prévenir la carence en vitamine D est très courant en France, seul pays où il est commercialisé. Et les premières conclusions des investigations mettent en effet en évidence « un lien probable entre le décès et l’administration [du médicament] », a annoncé hier l’Agence nationale de sécurité du médicament.
A cause du mode d’administration
C’est le mode d’administration, par pipette, qui est en cause : il est susceptible de provoquer des «fausses routes» qui peuvent entraîner la suffocation, ou encore des malaises avec apnée. Plusieurs incidents graves de ce type ont été signalés par le passé, valant au produit une « surveillance renforcée » des autorités sanitaires depuis 2006. Les autres spécialités à base de vitamine D ne sont donc pas concernées par cette procédure, a souligné Marisol Touraine, qui a aussi assuré au passage que les enfants qui ont pris de la vitamine D par le passé « ne courent aucun danger». D’usage similaire, le ZymaD, le Stérogyl et l’Adrigyl, notamment, sont disponibles en France sous forme de flacons compte-gouttes. Un numéro vert d’information, le 0.800.636. 636., a été mis en place. Le laboratoire Crinex, qui commercialise 1,8 million de doses d’Uvestérol D par an, va « rencontrer [aujourd’hui] les autorités de santé pour analyser les faits et réfléchir à un mode d’administration alternatif pour les nouveaunés», a-t-il annoncé. «Comment se fait-il que les pouvoirs publics n’aient pas mis fin à sa commercialisation alors qu’il existe des alternatives à ce produit?», s’est interrogée la députée européenne Michèle Rivasi, réclamant une «enquête indépendante ».