Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Fratricide à Puget s/Argens : vingt ans de réclusion

La cour d’assises du Var a condamné Marius Garnero, coupable du meurtre de son frère Ambroise commis le 2 juin 2019. La préméditat­ion n’a pas été retenue.

-

Ni assassinat, comme le soutenait l’avocat général David Malicot, ni violence volontaire avec arme ayant entraîné la mort sans intention de la donner comme le défendaien­t Mes Thierry Fradet et Lola Luccioni. Hier soir, la cour d’assises du Var a déclaré Marius Garnero coupable du meurtre de son frère Ambroise et de tentatives de meurtre sur son autre frère, Jean, l’épouse de celui-ci Joséphine et leur fils Frédéric (lire nos éditions précédente­s).

Le 2 juin 2019, Marius s’était rendu chez Jean armé d’un pistolet de calibre 9 mm et avait arrosé la porte d’entrée de la villa, blessant mortelleme­nt son frère cadet Ambroise. En répression et au terme de trois jours de débats, il a été condamné à 20 ans de réclusion criminelle.

Scène d’homicide volontaire

« La cour a estimé qu’elle était bien en face d’une scène d’homicide volontaire, a succinctem­ent expliqué le président Patrick Véron à l’énoncé du verdict. En revanche, le laps de temps entre la première rencontre de l’accusé avec son neveu et les tirs – 11 minutes – était trop court pour signer une préméditat­ion. »

Quand Marius Garnero a tiré à treize reprises en direction de la porte – sept projectile­s l’ont traversée – il avait l’intention de tuer les occupants de l’habitation. Mais aucun dessein criminel

n’avait été formulé auparavant, quand bien même il avait effectué un détour par chez lui pour y récupérer une arme à feu après avoir rencontré fortuiteme­nt son neveu Frédéric au South Wake Park.

« Son iter criminis a débuté

bien avant, a relevé Me Fradet en défense. Un chemin criminel long, tortueux, dicté par sa vie, son enfance, les règles de sa communauté des gens du voyage... Tout un contexte. » En rupture depuis toujours avec son frère aîné Jean, Marius n’a pas

supporté d’apprendre que sa fille entretenai­t une relation avec son cousin germain, Frédéric. Et encore moins que ce dernier décide d’y mettre un terme quelques semaines plus tard. « Il s’est estimé offensé. Il s’est fait prendre pour un imbécile par une grande partie de sa famille, qui était au courant de cette histoire bien avant lui. Il a réagi. Violemment. Pas dans le but de tuer mais dans celui de donner une bonne leçon. »

« Pas de rupture dans l’action »

Un « coup de sang » irréfléchi et « non préparé ». « Entre sa rencontre avec Frédéric et les tirs, il n’y a pas eu de rupture dans l’action, poursuit l’avocat. S’il avait décidé de se poser une journée avant d’aller tirer, la qualificat­ion aurait été toute autre. » Un argument qui a fait mouche auprès des jurés.

Pour autant, ceux-ci ont également donné raison à l’avocat général en ce qui concerne l’homicide volontaire. « Il ne pouvait pas ignorer qu’il y avait du monde à l’intérieur de la maison. Les témoins l’ont vu arriver, ont vu l’arme. La porte était ouverte un instant. Il a concentré l’essentiel de ses tirs dedans, à neuf mètres de distance... Il a voulu expier sa haine à l’encontre de ceux qui étaient à l’intérieur. »

Une haine qui a consumé tout une famille, malgré les efforts de la mère de Marius et Ambroise. « Je pardonne à mon fils, même si je sais ce qu’il a fait, avait-elle clamé à la barre plus tôt dans la journée. Tu restes mon fils malgré tout. »

De longues minutes après l’énoncé du verdict, ses pleurs résonnaien­t encore dans la salle des pas perdus.

 ?? (Croquis d’audience Rémi Kerfridin) ?? Malgré les efforts de Mes Thierry Fradet et Lola Luccioni, Marius Garnero a été reconnu coupable de meurtre.
(Croquis d’audience Rémi Kerfridin) Malgré les efforts de Mes Thierry Fradet et Lola Luccioni, Marius Garnero a été reconnu coupable de meurtre.

Newspapers in French

Newspapers from France