Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
À Toulon, un rassemblement contre la réforme de la police judiciaire
« On ne baisse pas les bras… » Des enquêteurs du service de police judiciaire (PJ) de Toulon se sont rassemblés, hier à midi, au pied du commissariat central pour exprimer à nouveau leur opposition au projet de réforme de la police nationale. Les mêmes rassemblements ont eu lieu dans d’autres villes telles que Marseille, Lille, Nantes ou Versailles.
Le ministère de l’Intérieur entend placer tous les services de police d’un département – renseignement, sécurité publique, police aux frontières et PJ – sous l’autorité d’un seul directeur départemental de la police nationale (DDPN), dépendant du préfet. Jusqu’à présent, la PJ, organisée selon un schéma interrégional, échappe à cette tutelle départementale.
Face au mouvement interne de protestation, plusieurs audits ont été lancés. Un rapport rendu public ces derniers jours par le gouvernement dresse un bilan plutôt positif de la réforme expérimentée dans quelques départements (et dans des territoires d’outre-mer) et propose des ajustements.
« Absence de transparence »
Ces dix-neuf recommandations, formulées par les Inspections générales de l’administration (IGA), de la police (IGPN) et de la justice (IGJ), visent notamment à
préserver le choix des services d’enquête par les magistrats, à continuer de garantir le cloisonnement des enquêtes en matière de probité
des responsables publics, à sanctuariser les moyens humains consacrés à la lutte contre la criminalité organisée, etc. Autant de sujets d’inquiétude exprimés ces derniers mois. Pour autant, la base de la PJ est loin d’être convaincue. Un policier toulonnais souligne qu’un rapport sénatorial se montre « très mitigé » sur les effets de la réforme sur la filière police judiciaire. Du côté de l’Assemblée nationale, les conclusions d’une mission d’information sont attendues ce mardi.
L’association nationale de la police judiciaire (ANPJ) dénonce dans un communiqué « une absence de toute concertation et de toute transparence ». Et des arbitrages qui auraient été actés avant même l’issue des missions parlementaires. « Cette réforme, qui n’emporte pas l’adhésion de celles et ceux qui en sont les principaux acteurs, est d’ores et déjà vouée à l’échec. »