Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

« Les écolos sont bons pour critiquer, pas pour aider »

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La Garde-Freinet, dimanche 3 octobre. Il fait frais. Le ciel est gris. La pluie menace. Dès potron-minet, pick-up et 4X4, se rassemblen­t autour d’un cabanon, non loin du hameau de la Mourre. Les chasseurs s’y réunissent avant de partir pour une battue aux sangliers, chevreuils et autres animaux dits « nuisibles. »

Ils se retrouvent avec plaisir, rient, boivent le café, croquent un croissant, allument un feu dans la cheminée, assez grosse pour faire rôtir une belle pièce de gibier. Une bûche de chêne s’enflamme et libère son parfum d’encens sous une grosse averse. Battue ou pas battue ? « Battue », dit sans hésiter Laurent Faudon, le président des chasseurs du Var : « On attend un peu, ça va se calmer. »

Entre deux ondées, le rappel des consignes de sécurité est fait. Tout le monde écoute. La pluie cesse. C’est l’heure du départ. Les chiens, impatients, sont équipés de leurs balises GPS. Les fusils sont sortis. En un rien de temps, chasseurs et gros véhicules s’évaporent, tandis qu’un VTTiste remonte péniblemen­t la piste, qui traverse cette partie de la forêt des Maures qui n’a pas brûlé.

  euros payés pour les dégâts

Un long moment plus tard, les chiens aboient dans un tintamarre de clochettes pendues à leurs cous. Les premiers coups de fusil explosent le silence. Des battues comme celle-ci, il y en a trois jours par semaine. Résultat ? Trois sangliers et deux chevreuils tués. « Prélevés », dit plutôt Laurent Faudon.

L’an dernier, la fédération varoise des chasseurs a dû dédommager les agriculteu­rs chez qui sangliers et chevreuils ont commis des dégâts, notamment sur les vignes, à hauteur de 570 000 euros. L’argent est pris entre autres sur les permis de chasse et les cotisation­s aux sociétés de chasse.

« On est les seuls à payer pour pénétrer dans une forêt et chasser. Et on se fait insulter. Les randonneur­s et les VTTistes ne donnent rien, mais ils nous traitent de tous les noms d’oiseaux. Qu’est-ce qu’ils ont fait quand ça a brûlé dans les Maures ? Nous, on y était. Les écolos sont bons pour critiquer, pas pour aider », s’insurge Laurent Faudon, également président de la société de chasse locale, La Diane Fraxinoise. « Si pendant un an, on ne chasse pas, les gens viennent nous chercher, parce qu’il faut réguler les sangliers et les chevreuils. »

« Une minorité de chasseurs nous fait du mal »

Une entente est-elle possible avec les autres utilisateu­rs de la forêt ? « On peut toujours s’arranger. Il faut discuter. Une associatio­n de randonneur­s m’avertit toujours de son parcours. On en tient compte. C’est vrai qu’une minorité de chasseurs nous fait du mal. » Néanmoins, Laurent Faudon se crispe quand on lui demande s’il est prêt à abandonner certains jours de chasse au profit des autres utilisateu­rs de la forêt. « On ne va pas m’interdire de chasser le mercredi ou le dimanche. Et comment feraient ceux qui travaillen­t et paient un permis ? »

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(Photo Frank Muller) « Randonneur­s et VTTistes nous traitent de tous les noms d’oiseaux », dit le président de la fédération de chasse du Var.

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