Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
L’ami de la famille agresse sexuellement leur petite fille
Un Lucois a été jugé par le tribunal correctionnel de Draguignan pour des faits d’agression sexuelle, remontant à l’été 2015, sur une fillette âgée de six ans.
Une amitié de 35 ans. Tellement forte que pendant longtemps, le grand-père de Keliah (1) n’a pas pu croire les propos de sa petite-fille. Au point de rester brouillé plusieurs années avec Loïc, son propre fils. Non, Yahia G., rencontré en 1980 au Luc et qui avait l’habitude de jardiner sur son terrain, ne pouvait être l’auteur du viol par pénétration digitale sur sa petite fille, âgée de 6 ans au moment des faits, en juillet 2015. La réalité était trop dure à accepter, son ami audessus de tout soupçon.
Faits troublants
Et pourtant, quand à l’été 2016, après un an passé dans le Cantal, la famille revient s’installer sur le terrain familial du Luc, le comportement de Keliah change à l’instant où elle croise Yahia. Elle se confie alors à sa cousine, puis à sa mère. Lui raconte comment, un après-midi, leur voisin, après avoir demandé à son cousin d’aller chercher une bouteille d’eau, avait introduit un doigt dans son intimité. La douleur. La peur. À l’écoute de ce récit, la mère se souvient des pertes de sang constatées à cette période, et qu’elle avait mis sur le compte « d’une chute » de son enfant.
Informé, son beau-frère se remémore également des faits troublants, datant de 2011. Sa fille avait alors reçu un SMS « bizarre » de Yahia, l’avait montré à son frère puis effacé par peur. Le père avait demandé des explications, mais Yahia avait nié. Tout comme il nie aujourd’hui devant le tribunal correctionnel de Draguignan l’acte commis sur Keliah. « J’ai jamais fait de mal à un enfant. Il n’y a pas de preuve. Je ne comprends pas pourquoi on m’accuse...» La parole de l’enfant – « qui n’a jamais varié depuis la première audition » note la procureure Estelle Bois – est pourtant confortée par l’examen gynécologique pratiqué courant 2016, qui relèvera une absence totale d’hymen...
Face aux dénégations constantes de Yahia, son avocate Gwendoline Del Do oppose le doute. Pas sur l’agression sexuelle, mais sur le nom de l’auteur. « Dans cette enquête, la parole de Keliah a été sacralisée alors qu’il n’y a aucune certitude. La raison doit l’emporter sur l’émotion, aussi légitime soit-elle. La parole de l’enfant ne doit pas être la preuve fondamentale de ce dossier. » Un voeu pieux. Yahia G. est finalement condamné à trois ans d’emprisonnement et à un suivi socio-judiciaire de la même durée.
1. Le prénom a été modifié.