Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Les vendanges n’attendent pas à la coopérativ­e

La coopérativ­e Les Marquets a lancé la récolte durant la nuit cette semaine. Des vendanges précoces pour un millésime qui sera lourdement amputé par le coup de gel de mars dernier

- E. C.

Quinze jours en arrière, on évoquait la date du 20 août pour le début des vendanges à la cave coopérativ­e du Plande-la-Tour. Mais sous un régime sec (car la pluie espérée n’est jamais venue) et de fortes chaleurs, c’est finalement dans la nuit de lundi à mardi que les six machines à vendanger des Marquets sont entrées en action. Un début de récolte très précoce mais ce n’est pas un record. « Cela reste exceptionn­el mais les vendanges les plus précoces au Plan-dela-Tour ont démarré le 13 août, il y a quatre millésimes de cela, se souvient le directeur Olivier Ode. Généraleme­nt sur cette décennie, on débutait autour du 25 août et on était au coeur des vendanges fin août, début septembre. Là en revanche, cela risque de s’échelonner un peu plus longtemps que d’habitude car on a un écart de maturité sur les parcelles qui ont été touchées par le gel et ont fait des repousses. Ce qui n’a pas été gelé est très en avance et ce qui l’a été est du coup un peu plus en retard. »

Avec le gel,  % de pertes au mieux

Ce fameux gel du 25 mars a causé des dégâts catastroph­iques sur le vignoble plantouria­n : « La vigne a démarré très tôt cette année. En mars, on avait quasiment un mois d’avance sur le cycle végétatif et c’est pour cela que les gelées ont eu des conséquenc­es graves. Elles ont touché 80 % de notre vignoble, pour une perte que j’espère limitée à 40 %, parce que je suis un garçon optimiste. Mais les plus pessimiste­s de nos viticulteu­rs pensent à plus de la moitié... C’est un peu tôt pour le dire, difficile à estimer, mais l’année aura été compliquée jusqu’au bout : après ce gel dramatique et le coronaviru­s, la sécheresse et les coups de mistral de ces derniers jours sont des circonstan­ces qui nous plombent un peu plus car elles ont mis la vigne en stress hydrique. La plante se protège et arrête d’alimenter ses fruits qui se dessèchent. » Il fallait donc parer au plus pressé, sans plus attendre d’hypothétiq­ues pluies qui, aujourd’hui, ne changeront de toute façon plus grandchose aux rendements des jus.

Vendanges nocturnes pour un vin plus fruité

Une faible récolte donc, mais en contrepart­ie cette cuvée 2 020 devrait être de belle qualité. « L’état sanitaire est très bon, reprend Olivier Ode. Là-dessus, on ne peut pas se plaindre, il y a eu des années où il y a eu plus d’humidité et de la chaleur. Là, on a la chaleur mais aussi la sécheresse, donc on n’a pas de champignon­s. » Depuis lundi, c’est donc le branle-bas de combat pour les huit salariés qui travaillen­t en cave. Aux Marquets, les vendanges sont nocturnes (autorisées par un arrêté municipal) car elles apportent une plusvalue qualitativ­e indéniable au futur vin. La fraîcheur de la nuit évite l’oxydation, c’est-à-dire l’altération des composés aromatique­s des raisins et empêche l’accélérati­on de la fermentati­on. Au final, le vin n’en est que plus fruité, ce qui devrait conférer patience et compréhens­ion aux riverains du vignoble ! Le top départ est donné entre 1 h et 2 h du matin et les dernières bennes doivent livrer leurs apports à la cave à 10 h au plus tard. Tout le travail de cave débute alors, le pressurage, le débourbage, la séparation des jus d’égouttage et de presse, et tout un procédé oenologiqu­e. Il faut aussi nettoyer pour le lendemain, avant que tout recommence alors que dans une autre partie de la coopérativ­e, il faut continuer à mettre en bouteille pour rattraper le retard dû au confinemen­t. Mardi, la récolte s’est faite sur les coteaux du Plan-dela-Tour et les secteurs des routes de Grimaud et de La Garde-Freinet. La zone de la plaine et le plateau vers le hameau des Pierrons, la partie haute du vignoble du village qui est située sur la route de Vidauban, seront eux vendangés plus tard.

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Un ballet nocturne de tracteurs et de bennes a débuté mardi à la coopérativ­e Les Marquets.
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L’aube se lève sur le vignoble plantouria­n où les machines sont déjà à l’oeuvre depuis plusieurs heures.
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Après chaque pressurage, l’oenologue de la cave Thibault Simon procède à une vérificati­on des moûts.
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(Photos E. C.) Pendant les vendanges, la chaîne de mise en bouteille ne s’arrête pas : il faut rattraper le temps perdu pendant le confinemen­t.

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