Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Un dealer d’héroïne à Bormes lourdement condamné à Toulon
«Mon fils en a fait les frais et est resté perché. » Cette phrase est issue d’une lettre anonyme dénonçant, en octobre 2019, un trafic d’héroïne et de médicaments à Bormes-les-Mimosas. Les gendarmes ont alors ouvert une enquête minutieuse : surveillances, interceptions téléphoniques et perquisition au domicile d’un toxicomane jugé, ce lundi, par le tribunal correctionnel de Toulon. Douze pochons de drogue ont été trouvés dans une chaussure.
Douze mille euros de bénéfices
« On est dans l’entre-soi des héroïnomanes », a dépeint le procureur à l’audience, décrivant un obscur microcosme où les consommateurs sont poussés par leur addiction à sombrer dans la revente de stupéfiants, mais aussi dans la délinquance d’appropriation. « Je suis entouré de cinq ou six personnes qui me disent se fournir au Val des Rougières (à Hyères), au début c’est moi qui leur achetais de la drogue », a relaté le prévenu, allocataire de minima sociaux. Et les rôles se seraient inversés. « Ce n’était pas dans un but lucratif, juste quelques grammes par-ci parlà. » Le quinquagénaire a reconnu avoir acheté entre 15 et 20 grammes d’héroïne par mois. Une part était destinée à la revente pour financer sa consommation.
Déjà trente-deux condamnations
En un an, ce trafic a toutefois généré 12 000 euros de bénéfices, a corrigé le parquet. Les enquêteurs ont identifié « douze clients habituels ».
Le quinquagénaire a déjà été condamné à trente-deux reprises depuis 1986, a par ailleurs souligné le tribunal, notamment pour de très nombreux vols et des infractions à la législation sur les stupéfiants. « Je vis un enfer depuis 25 ans à cause de la drogue, s’est défendu le prévenu âgé de 54 ans, je suis à un point de ma vie où je me demande ce que je fais encore sur Terre. Je me suicide à petits feux, je ne manquerai à personne… » Réplique du procureur : « Ici, vous n’êtes pas à l’hôpital, ni chez le médecin (...) Vous êtes un empoisonneur. » L’avocate du prévenu a néanmoins plaidé pour une peine comprenant « des mesures de soins ». Sans convaincre. Le tribunal a condamné le dealer toxicomane à 4 ans de prison ferme, conformément aux réquisitions du ministère public.