Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Sport adapté : garder les bonnes habitudes
Confinés chez eux, souvent peu motivés par la pratique sportive, un grand nombre de patients atteints de maladies chroniques ont abandonné toute activité physique au fil des semaines. C’est le constat dressé par le Dr Véronique Di Costanzo, endocrinologue, cheffe de pôle à l’hôpital Sainte-Musse à Toulon et présidente de l’association varoise APAS Sport, dont Caroline Guieu est la coordonnatrice. En temps normal, cette association propose à ces patients une pratique sportive adaptée, dans diverses salles du département mises à disposition par des communes en partenariat avec l’UFR Staps de La Garde. La crise sanitaire a stoppé net ces activités, et elles ne sont pas près de recommencer. Ce qui n’est pas sans inquiéter le Dr Di Costanzo : «Dès le début du confinement, à chaque téléconsultation, j’ai systématiquement questionné les patients pour savoir s’ils poursuivaient une activité physique. C’est un réel enjeu, un traitement à part entière dans la prise en charge du diabète. »
Un suivi à distance de l’activité sportive
Pour les encourager, l’association a mis en place un suivi à distance avec un « calendrier de confinement » proposant de mini-défis sportifs à réaliser à la maison, avec des moyens simples. « Si 30 % de nos adhérents ont accepté de se lancer dans ces défis, les autres ont choisi, sur nos conseils, de développer davantage la marche ou leurs activités à domicile, comme le ménage ou le jardinage », résume Caroline Guieu. « Spontanément, les patients ne bougent pas, regrette le Dr Di Costanzo, et pourtant la sédentarité augmente clairement la mortalité, surtout dans ce type de pathologies. » Malheureusement, le déconfinement ne permet pas la reprise des activités proposées par l’association. « Les cours en intérieur sont interdits, les contraintes trop lourdes pour les cours en extérieur. Et de toute façon, il est déconseillé de regrouper les personnes à risque » explique Caroline Guieu. Dès lors, APAS Sport va poursuivre la gestion à distance de ces patients, en les encourageant et en les motivant dans leur pratique individuelle. « Ils doivent comprendre qu’il leur faut impérativement reprendre une activité physique, insiste Véronique Di Costanzo. Le premier conseil, c’est : sortez de chez vous ! Allez marcher ! En respectant les mesures de sécurité, bien sûr… » A la sortie du confinement, les patients devront se rapprocher de leur médecin traitant pour vérifier leur état de santé, a fortiori ceux qui ont pris du poids durant cette période et ceux dont le déséquilibre glycémique s’est aggravé. Ce préalable réglé, l’association peut continuer à leur fournir un programme individualisé. « On assure un suivi par téléphone et on va le poursuivre tout l’été, alors qu’habituellement on fait une pause durant cette période parce que les salles ferment, précise Caroline Guieu. C’est important pour entretenir leur motivation. »
Une partie intégrante du traitement
« L’objectif est d’incruster l’activité physique dans le quotidien des patients sur le long terme, bien sûr en association avec une bonne hygiène alimentaire. Il faut leur faire comprendre que c’est une partie intégrante du traitement, et ce n’est pas gagné, alerte le Dr Di Costanzo. On a protégé les diabétiques du Covid-19 en les confinant. Mais on les a aussi fragilisés en interrompant les activités physiques. C’est vrai pour tous les patients atteints de maladies chroniques. Le manque d’activités physiques peut devenir aussi dangereux que le Covid si on garde les mauvaises habitudes prises durant le confinement. Plus le temps passe, plus nos patients perdent de la motivation. Attention au rebond des maladies chroniques ! C’est un point crucial, puisque la distanciation sociale va durer plusieurs mois encore et que les bonnes intentions se sont perdues au fil de l’eau. »
E-mail : apas.sport.maatis@gmail.com Tél. : 06.86.54.69.18. Web : www.facebook.com/apassport83