Le devoir de rentrée du Président

Toutes les rentrées politiques sont placées depuis fort longtemps sous le signe de l’incertitude. Mais les difficultés sont rarement celles annoncées. Emmanuel Macron en a fait, luimême, la cruelle expérience à l’automne  avec la crise des “gilets jaunes” que nul n’avait vu venir. Ce mouvement social a bouleversé ses plans et freiné sa volonté de réformer le pays à marche forcée. Ainsi a-t-il perdu presque une année et se retrouve aujourd’hui dos au mur pour remplir la promesse d’efficacité qu’il a faite pendant sa campagne électorale. Argument électoral pour dénoncer l’impuissance et les échecs de ses prédécesseurs, cet engagement de fait est loin d’être devenu le marqueur de ses  premiers mois de pouvoir. Certes, Emmanuel Macron a réalisé des réformes mais aucune n’a sensiblement modifié le quotidien des Français. D’autres sont en cours d’exécution ou imminentes. Elles vont même arriver en rafales : retraites, assurance chômage, fonction publique, etc. Bref, le calendrier à venir est très chargé, donc lourd de risques. Pour convaincre, le chef de l’Etat va devoir faire preuve de beaucoup de pédagogie mais, surtout, ajuster le tir pour que ces mesures répondent vraiment à l’objectif d’efficacité qu’il s’est fixé. Il lui faut à présent démontrer qu’il ne réforme pas pour réformer mais bel et bien pour améliorer la vie dans le pays. C’est un devoir qui s’impose à lui en cette rentrée s’il veut renouer un lien de confiance réel avec les électeurs et vaincre leur scepticisme actuel. Certes, il peut mettre à son actif une baisse du chômage revenu au niveau de l’année  mais le chômage de masse demeure et son niveau dans l’Hexagone est encore très supérieur à la moyenne européenne. La France en vérité suit un recul général du nombre de demandeurs d’emploi dans l’Union européenne mais est toujours à la traîne. La suite est en outre incertaine avec le fléchissement de la croissance mondiale et une perspective ramenée à , % en . Le Brexit, la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine, le très fort ralentissement économique en Allemagne (notre premier client et fournisseur), un budget  d’autant plus contraint que le chef de l’Etat n’a rien entrepris de décisif pour réduire les dépenses inutiles de l’Etat, ne disposant du coup que de très faibles marges de manoeuvre en cas de coup dur social, les nuages s’accumulent qui risquent de rendre très compliquée la navigation macronienne vers son cap de bonne espérance, qui verrait les Français saluer son efficacité.

« Le chef de l’Etat va devoir faire preuve de beaucoup de pédagogie »

L’ÉDITO de DENIS JEAMBAR Journaliste et écrivain edito@nicematin.fr