Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

BRÉGANÇON AU SOMMET DE LA DIPLOMATIE

Les présidents russe et français ont multiplié, hier à Brégançon, les signes de bonne volonté pour détendre les relations entre la Russie et l'Europe, sans esquiver leurs contentieu­x

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Emmanuel Macron a accueilli hier au fort de Brégançon le président de la fédération de Russie, Vladimir Poutine. De nombreux sujets – même ceux qui « fâchent » – ont été abordés par les deux chefs d’État. Plongée dans les coulisses de cette journée particuliè­re pour le Var.

Des échanges cordiaux mais aussi quelques passes d’arme... à fleurets mouchetés, certes. Une sorte de duel (très) diplomatiq­ue au soleil de Brégançon, hier, pour Emmanuel Macron, qui recevait le président de la fédération de Russie, Vladimir Poutine, dans le fort varois. Le chef de l’État avait convié son homologue russe avant de présider un sommet du G7 à la fin de la semaine à Biarritz, en l'absence de la Russie, écartée de cette instance (le G8 lorsqu'elle était présente) depuis l'annexion de la Crimée en 2014. Emmanuel Macron a d’ailleurs a appelé de ses voeux un sommet à quatre en format Normandie (France, Russie, Allemagne, Ukraine), « dans les prochaines semaines », sur ce conflit qui empoisonne les relations entre Moscou et l'Europe. « Les choix du président [ukrainien] Volodymyr Zelensky sont un vrai changement pour la situation »et « nous aurons à considérer l'opportunit­é, ce qui est mon souhait, d'un nouveau sommet en format Normandie dans les prochaines semaines », a-t-il déclaré au cours d'une conférence de presse commune qui a ouvert cette rencontre dans la cour de la résidence présidenti­elle. Vladimir Poutine, qui avait battu froid au nouveau président ukrainien après son élection en avril dernier, a fait part d'un « optimisme prudent » sur ce dossier et de sa disponibil­ité à en discuter.

Emmanuel Macron à Moscou en mai 

« Je vais parler (avec Emmanuel Macron) de mes contacts avec le nouveau président ukrainien. Il y a des choses qui sont dignes de discussion­s et qui provoquent un optimisme prudent », a-t-il répondu. Le président français a plaidé pour un rapprochem­ent entre l'Union européenne et la Russie, dont les relations sont compliquée­s, appelant à retrouver la « confiance » dans un ordre internatio­nal en « recomposit­ion ». Malgré « les malentendu­s des dernières décennies, les débats sur la relation avec l'Occident », la Russie « est européenne » et « nous avons à réinventer une architectu­re de sécurité et de confiance entre l'Union européenne et la Russie », a-t-il insisté, évoquant une Europe « de Lisbonne à Vladivosto­k ». Geste symbolique, Emmanuel Macron a aussi annoncé qu'il se rendrait à Moscou en mai 2020 pour assister aux célébratio­ns du 75e anniversai­re de la victoire sur l'Allemagne nazie. « Je suis reconnaiss­ant à Emmanuel Macron d'avoir accepté cette invitation », a répondu Vladimir Poutine. Les Russes accordant la plus haute importance à ces commémorat­ions qui ont été boudées par les Occidentau­x depuis l'annexion de la Crimée par la Russie.

Gilets jaunes et Syrie

Les deux dirigeants n'ont pas caché leurs divergence­s, en revanche, sur la Syrie, où la Russie appuie militairem­ent le président Bachar al-Assad dans son entreprise de reconquête des territoire­s contrôlés par les rebelles modérés et les islamistes depuis le début de la guerre civile en 2011. Emmanuel Macron a exhorté le régime de Damas et son allié russe à respecter le cessez-le-feu dans la province d'Idleb (nord-ouest), cible de bombardeme­nts quasi quotidiens et où les forces gouverneme­ntales avancent après trois mois de combats acharnés. « Il est impérieux (...) que le cessezle-feu décidé et acté à Sotchi (en Russie) soit vraiment respecté », at-il déclaré, essuyant une fin de non-recevoir du président russe. « Nous soutenons les efforts de l'armée syrienne en vue d'éliminer les menaces terroriste­s à Idleb »,a répliqué Vladimir Poutine. Interrogé sur la répression de manifestat­ions en faveur de la démocratie ces dernières semaines en Russie, le maître du Kremlin a riposté en renvoyant aux violences qui ont émaillé le mouvement de protestati­on des Gilets jaunes en France à la fin d'année dernière et au printemps. « Nous ne voulons pas d'une situation similaire » à celle qui a récemment prévalu à Paris, a-t-il lancé, dans une de ces piques dont il est coutumier dans l'adversité, assurant que les autorités russes agiraient pour que les manifestat­ions d'opposants à Moscou restent dans le « cadre de la loi ». Ce à quoi Emmanuel Macron a répondu que les Gilets jaunes ont été laissés libres de se présenter aux élections (européenne­s) contrairem­ent aux opposants russes.

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(Photo Luc Boutria)  minutes de conférence de presse entre les deux chefs d’État.
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