Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Le combat de leur vie pour une fin digne et libre
À l’instar de leurs homologues partout en France, les adhérents de l’antenne locale de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité militent pour que l’euthanasie soit légalisée
Voyant un couple s’approcher, Christian Baloy leur tend un papier, frappé du slogan : « Comme les femmes ont dit : “Mon corps m’appartient”, nous disons aujourd’hui : « Ma mort m’appartient ! » Devant l’étonnement de ses interlocuteurs, le délégué départemental de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité explique sa démarche : « Nous ne remettons pas en cause la loi sur la sédation profonde et continue, démarre le Fréjusien. Seulement nous militons pour que soit ajoutée une procédure d’accès à l’euthanasie et au suicide assisté. Nous ne demandons pas une révolution ! » Mais une « avancée », que certains Européens ont déjà accomplie.
« En parler ce n’est pas être triste, mais réaliste »
Belgique, Luxembourg, PaysBas… Ces pays ont en effet légalisé l’euthanasie depuis plus de dix ans, voire quinze ans pour certains. « Et parmi nos adhérents, plusieurs ont dû partir là-bas », soupire Christian Baloy, qui regrette également la position de la Haute autorité de santé au sujet de la sédation profonde : « Cette dernière préconise son recours dans les tout derniers moments. Autrement dit, attendre que la personne agonise… » Il lève un doigt déterminé : « Il ne faut pas oublier toutes ces personnes qui souhaitent partir debout ! Et non dans un lit, sous perfusion, à recevoir des soins qu’elles refusent. » À la vue d’autres passants, le responsable s’arrête un instant, tend à nouveau un “tract” de l’association, puis reprend: « Pourquoi me suis-je engagé dans cette cause ? » Il sourit. « Je n’avais pas encore les cheveux blancs lorsque j’ai intégré l’association, il y a plus de trente ans. Je l’ai fait car je considère tout simplement que nous sommes des êtres libres qui, de fait, doivent le rester au moment où ils quittent la vie. Personnellement, je ne veux pas que les politiques et le monde médical m’imposent le chemin à suivre. »
« Avoir le droit de ne pas agoniser »
L’homme hausse les épaules : «Si on préfère finir sa vie avec des tuyaux partout, on a le droit. Mais on devrait aussi avoir le droit de ne pas vouloir agoniser. La dignité d’une personne n’appartient à personne d’autre qu’à elle-même. Et nous avons espoir, en tout cas plus qu’avant, qu’un changement s’opère. Peut-être viendra-t-il de l’Assemblée nationale... » À ce propos, le sujet a-t-il été soulevé auprès du député de la 5e circonscription du Var ? « Malgré mes nombreuses sollicitations, je n’ai jamais reçu de réponse , regrette Christian Baloy. J’irai à sa rencontre au cours de la prochaine réunion publique afin qu’il précise ses idées à ce sujet. » Le délégué départemental interpelle une passante, qui refuse poliment le tract. Mais il ne se décourage pas pour autant. « Parler de ce problème, ce n’est pas être triste. C’est être réaliste. » Puis balayant les alentours d’un geste de la main : « À moins que je sois mal informé, il n’y a aucun immortel sur cette terre. Aucun. »