Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

«À l’aube d’une révolution»

Christian Bar, chef du service des urgences

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Ancien marin-pompier de Marseille, Christian Bar est arrivé en février 2006 à la direction du service des urgences de Brignoles, lequel couvre un territoire immense: d’ouest en est, de Rians au Cannet-des-Maures et du nord au sud, de La Verdière à Méounes. Le plus long parcours ? Celui qui mène dans un quartier de La Verdière, où il faut compter 45 minutes de trajet. Il dirige une cellule de 26 infirmiers et « 12,5 » médecins avec un effectif idéal de «16,5». «Nous sommes le premier employeur de la ville», rappelle-t-il.

On a l’impression d’être sur une autre planète ici ?

Dans un sous-marin en réalité. On perd la notion du jour, de l’heure, de la météo extérieure, etc. On a les yeux partout : sur nos patients, les collègues, nos écrans… Ce ne s’arrête qu’à la fin de la journée.

Les interventi­ons du Smur sont très encadrées…

Le Smur est sous ma responsabi­lité au niveau de l’organisati­on. Mais sous l’autorité du Samu pour les interventi­ons. C’est le Samu qui reçoit les appels au Centre de réception des appels (le ). C’est lui qui donne l’ordre de partir après décision d’un médecin régulateur. N’importe quel habitant du coin ne peut pas appeler pour dire “venez vite chez moi”.

Pourquoi la profession n’attire plus ?

Il manque des médecins, comme partout au plan national. C’est multifacto­riel. Il n’y a, d’abord, pas assez de médecins qui sortent des facultés. Le métier de l’urgence, qui a longtemps attiré, attire moins, car il est dur. C’est devenu, il y a un an, une spécialité : on s’engage donc à vie. Les jeunes médecins n’ont pas envie d’être urgentiste­s pendant  ans, ce n’est pas facile. Il faut savoir tenir les gardes de nuit. Notre âge de départ à la retraite est au-delà de  ans. Après, on n’est pas sur la Côte. Faut pas rêver. Même avec un service tout neuf, c’est compliqué.

Vous ne faites pas appel à des intérimair­es ?

Non, je n’emploie pas d’intérimair­es. Les intérimair­es ne choisissen­t pas leur destinatio­n. Ils viennent  heures et peut-être qu’on ne les reverra plus jamais. Ici, on a des remplaçant­s : des jeunes qui nous aident et d’anciens internes, des fidèles qui alimentent le pool des médecins. En , la moitié de l’effectif était constituée d’intérimair­es. Depuis, la qualité des soins s’est améliorée et il y existe une vraie solidarité.

Qu’est-ce qu’un bon urgentiste aujourd’hui ?

Les qualités d’un bon urgentiste ? Il faut être calme, parce qu’on travaille en équipe, détenir toutes les connaissan­ces théoriques et les gestes pratiques, grâce à l’entraîneme­nt.

Les médecins évoquent une grosse charge de travail administra­tif…

Oui. En raison de la démarche qualité et des contrainte­s réglementa­ires. Il faut tout tracer. Ce que risque le médecin, c’est l’escarre fessière…

Comment voyez-vous l’évolution du métier ?

Nous sommes à l’aube d’une révolution, car on arrive dans le creux démographi­que médical. Les quatre années qui arrivent sont les plus mauvaises. Je ne sais pas comment on va tenir… C’est pareil dans les autres hôpitaux.

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