Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Le perroquet Hollande
«François Hollande n’a pas pardonné à Emmanuel Macron de lui avoir dérobé son trône.»
« L’orgueil, a écrit Gustave Flaubert, est une bête féroce qui vit dans les cavernes et dans les déserts, la vanité, au contraire, comme un perroquet, saute de branche en branche et bavarde en pleine lumière.» On ne saurait trouver meilleure définition des maux qui frappent François Hollande. Son orgueil sans mesure, encavé sous une bonhomie de façade, l’a conduit à conquérir l’Élysée en puis à gouverner sans écouter personne pour son plus grand malheur. Sa vanité, par ailleurs, éclate aujourd’hui au grand jour tant il bavarde sans cesse. La promotion de son livre «Les leçons du pouvoir», qu’il ne tire en rien pour lui-même tant il s’estime, mais qu’il délivre à ceux qui veulent bien le lire (et ils sont assez nombreux), le transforme, en effet, en perroquet sûr de son destin. Car il ne faut pas s’y tromper: le come-back «littéraire» de François Hollande n’a rien d’une tournée d’adieu. Dans sa tête, c’est le premier pas sur la route Elysée-. Divagation journalistique? Non. Tous ceux qui connaissent bien l’ancien chef de l’Etat et le rencontrent ces temps-ci ont bien compris qu’il était reparti à l’assaut avec un objectif précis : réussir là où Nicolas Sarkozy a échoué et retrouver les meubles de l’Élysée après une parenthèse macronienne de cinq ans. L’orgueil éclaire tout et la vanité explique son empressement à s’exposer mais la vengeance aussi l’anime. François Hollande n’a pas pardonné à Emmanuel Macron de lui avoir dérobé son trône. Il ne s’interroge pas sur les raisons de cette trahison tant il considère que son « collaborateur » lui devait allégeance. On se souvient de sa phrase blessante, si révélatrice de la réalité de son personnage de suzerain qui ne voit que des féaux autour de lui: « Il sait ce qu’il me doit...» La flèche fit mouche et produisit l’effet inverse de celui recherché : on ne blesse pas impunément en public un homme ambitieux et lui aussi pétri d’orgueil. Aveuglé par sa propre personne, en fait François Hollande n’a rien vu venir. C’est le même aveuglement qui le pousse à présent à entrer dans une longue campagne de quatre ans. Le doute ne l’habite pas. Il est persuadé de réussir son affaire et se flatte déjà de son léger rebond dans les sondages. Il se tient à distance d’un PS qu’il a tué et pour lequel il n’a ni commisération ni considération. Lui seul compte car il est convaincu qu’il ne doit sa victoire de qu’à son seul talent et que son génie politique demeure tel qu’il lui permettra de triompher à nouveau.