Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Le Français veut encore plus de démocratie
Comment se porte aujourd’hui la démocratie en France ? La question pourra paraître incongrue, tant nous sommes convaincus de vivre dans le meilleur des mondes, ou peu s’en faut. Si besoin était, l’étude menée fin décembre par Viavoice pour la Fondation Jean-Jaurès et La Revue civique (1) vient en tout cas le confirmer : les Français estiment que notre démocratie fonctionne mieux et qu’elle s’est régénérée en 2017. Ils sont une majorité à penser qu’elle marche bien (54 %), contre 36 % fin 2016 et 30 % en 2014. Ce sentiment apparaît partagé par toutes les catégories d’âge. La progression étant particulièrement spectaculaire chez les 1824 ans, 61 % à saluer notre vie démocratique, contre 26 % en septembre 2016.
Le «en même temps», une méthode validée
En revanche, la confiance dans nos institutions reste sensiblement déterminée par la situation sociale. Les catégories populaires sont moins laudatives (45 % de satisfaits) que les « nantis » (58 %) sur l’état de santé de notre démocratie. Au plan politique, sans surprise, les électeurs d’Emmanuel Macron au premier tour valident notre démocratie à 80 %, ceux de François Fillon à 66 %, de Jean-Luc Mélenchon à 48 % et de Marine Le Pen à 31 % seulement. Emmanuel Macron semble avoir de beaux jours devant lui : 75 % des sondés jugent en effet utile que la gauche et la droite travaillent de concert, 48 % considérant sa manière de gouverner comme une rupture (36 % comme une continuité). Bémol, 66 % des personnes interrogées expliquent la recomposition politique par un rejet des vieilles formations plus que par l’adhésion à de nouvelles têtes. Et 48 %, contre 39 %, ne se sentent pas mieux représentées à l’assemblée qu’auparavant.
Haro sur les cumuls
Globalement, perce l’attente d’encore plus de démocratie. Si la loi Bayrou de moralisation de la vie publique a été appréciée, les Français aspirent à voir le toilettage institutionnel se poursuivre en profondeur. Et ils n’en démordent pas : la fin des cumuls et la proportionnelle ont toujours leurs faveurs. 79 % des sondés souhaitent ainsi une réduction du nombre des parlementaires, 70 % la limitation des mandats dans le temps, 68 % l’interdiction pure et simple de tout cumul, 65 % l’introduction d’une dose de proportionnelle aux législatives, 77 %, enfin, la possibilité de faire étudier une proposition de loi suite à une pétition citoyenne. Bref, la crise de la représentativité n’est pas encore derrière nous. Les Français, plus que jamais, veulent avoir leur mot à dire.
1. Etude effectuée du 22 au 28 décembre 2017 auprès d’un échantillon représentatif de la population française de18 ans et plus.