Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Porno no !
Bien que les hardeurs ne puissent tourner sans un contrat de travail équivalent à une présomption de consentement, le président de la République a épinglé le cinéma porno comme l’un des principaux responsables des violences faites aux femmes. À ce reproche moral, on pourrait en ajouter d’autres d’ordre plus artistique : les scénarios inspirés par le Kamasutra ignorent tout suspens ; les dialogues sommaires font davantage appel aux borborygmes qu’au langage articulé ; les décors sont sordides et les costumes inexistants. Bref, il faut éviter que les ados découvrent dans ce qu’il a de plus pervers et de moins sentimental ce que les adultes appellent l’amour. Il convient donc de n’accorder de visa d’exploitation qu’aux productions convenables. Par exemple, le chromo de la soubrette en coiffe de dentelle et tablier blanc accueillant sur le perron d’un manoir moyenâgeux des invités plus récents, devra être complètement revu et corrigé. Guidés par les châtelains reconnaissables à leur smoking et à leur robe du soir, les couples en goguette se contenteront de feuilleter sur la table basse du salon des albums de famille truffés de jolies photos de mariage. À la fin, les invités prendront congé en baisant la main de la soubrette avant de remonter dans leur voiture de sport et d’attendre plusieurs années pour découvrir que la reproduction admette aussi des simulacres.