Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Double dose d’optimisme avant l’épilogue
Quel contraste ! Noah avait chatouillé le public français, vendredi, en employant le très fade et neutre terme de « spectateurs ». Les 22 000 gaulois présents hier, bien plus nombreux que vendredi, lui ont répondu en jouant un rôle décisif dans le succès en quatre sets d’une paire Gasquet-Herbert plus en difficulté qu’attendu. «Ça se rapproche de l’ambiance qu’il y avait à Lyon (finale 1991). Le public a été extraordinaire », a apprécié le capitaine de l’équipe de France. Les Bleus ont bien failli laisser un point que tout le monde les voyait glaner depuis plusieurs semaines, face au duo inconnu BemelmansDe Loore. Personne ne s’y attendait, à commencer par les intéressés euxmêmes. L’Alsacien et le Biterrois ont explosé leurs homologues dans une première manche à sens unique, conclue en une petite demi-heure (6-1). « On va les manger en 1h30 », a-t-on pu entendre à ce moment du match. Mais le public n’est pas scénariste. A l’inverse des joueurs. Par excès de confiance (?), Gasquet, et surtout Herbert, se sont mis à douter. « On n’a pas réussi à être constant, mais on se disait aussi qu’ils allaient mieux jouer, forcément » ,exposait Gasquet après le match. Chacun a perdu sa mise en jeu dans ce deuxième acte accroché mais remporté par les deux diables rouges.
« C’était chaud pour mes fesses en cas de défaite »
A un set partout, les joueurs se sont crispés et la tension est montée de plusieurs crans sur les visages des deux capitaines, Yannick Noah et Johan Van Herck. Il a fallu un Richard Gasquet étincelant et le soutien d’un public déchaîné pour que les Français reprennent la main dans le tiebreak. Noah ne s’était pas trompé en écartant Mahut. « J’ai pris la décision mardi. Cela a été très discuté, même en interne. C’était chaud pour mes fesses en cas de défaite », a faussement plaisanté l’homme aux lunettes noires. Transcendés par la foule, les deux compères, qui sont apparus très complices pendant et après le match, n’ont pas vacillé dans le quatrième set. « Il fallait basculer à 2-1, c’était capital », selon Richard Gasquet. Dans la dernière manche, sur le break, à 3-3, la clameur qui s’est emparée du stade était comparable à un but marqué par le LOSC, l’équipe de football qui évolue à Pierre-Mauroy. Une clameur qui a accompagné Herbert et Gasquet jusqu’à la balle de match. Le moment pour Yannick Noah d’exulter et de serrer les poings vers le ciel, dans un mélange de rage et de soulagement. La France n’est plus qu’à un point du Saladier d’argent, exposé sur le court. Un trophée de 105 kilos sur lequel elle lorgne depuis 2001.