Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Six mois après, la rue des Arts s’est fait un nom
Son nom entre peu à peu dans les moeurs locales, tout comme sa fréquentation. Six mois après les festivités qui l’ont inauguré en grande pompe, retour dans ce quartier qui veut devenir aussi fameux que lorsqu’on l’appelait « Chicago»
La rue des Arts, c’est une histoire de coeur. De coeur de ville. Inaugurée par trois jours de fête à la mimai, elle fait, depuis, office d’artère et veut irriguer l’ensemble du quartier. Certes, ce coeur ne bat pas encore la chamade. Mais six mois après son lancement, son pouls est vif, régulier. C’est ce que constate Jacques Mikaélian, aménageur de la rue Pierre-Sémard – le nom officiel de la rue des Arts – via la société Carim (1) et responsable de la société civile immobilière Équerre-Sémard développement qui porte l’animation de l’ensemble. Luimême partie prenante avec la Galerie du canon, il est aux premières loges. « Le projet de base, c’est la relance du centre-ville de Toulon, rappelle-t-il. Pour ça, il fallait de la thématique et du qualitatif. »
« Le temps joue pour nous »
Galeries d’art, ateliers de poterie, de couture, boutique de créateurs, brocante, commerces de bouche de qualité : dans la rue des Arts, l’offre est variée, mais ciblée. Et la flèche va droit aux coeurs des passants. « C’est un moteur de balade», assure l’aménageur galeriste. Pas forcément à la sortie du porte-monnaie reconnaît-il toutefois. Pionier de la rue, avec sa Galerie Lisa ouverte il y a déjà un an, Jean-François Ruiz imaginait que le concept trouverait son rythme plus vite. «On est dans une période de lancement, il y a encore beaucoup de travaux, qui donnent une sensation, d’inachevé. » Pourtant, il en est sûr : « Le temps joue pour nous ! » « Les gens viennent, reviennent, ils sont encore dans la découverte», confirme Jacques Mikaélian. De façon régulière, estime-t-il : si certains commerçants de la rue disent avoir fait face à un mois d’octobre plutôt morose, Jacques Mikaélian a l’impression que la fréquentation de la rue est stable. Le mot-clé étant ici « impression ». Autrement dit les ressentis des uns et des autres. Balayant les questions de sécurité d’un revers de main – « Partout où il y a du monde, c’est difficile »–,le promoteur estime que c’est là la principale difficulté de la rue. « On gère de l’humain avant-tout. Il faut expliquer, réconforter...» Et de s’amuser : « Je suis un peu le papa ! » Un père qui connaît les fragilités des uns et des autres, selon leurs parcours : « Ceux qui vendent de l’art ont moins de flux. Et puis beaucoup ne sont pas commerçants au départ », insiste le patriarche bienveillant. Qui, à l’heure de prélever des loyers, ne s’inquiète pas outre mesure. Après trois mois de gratuité, les commerçants doivent désormais s’acquitter de 50 % de la somme due – qu’ils payeront intégralement à partir de la quatrième année.
Offre ciblée et spécialisée
D’ici là, de nouvelles boutiques devraient ouvrir – notamment l’espace muséal. Dans le cadre de la SCI, mais aussi au-delà : aujourd’hui, des propriétaires privés font rénover leur bien afin de répondre à la demande grandissante de locaux commerciaux. Un bel indicateur de vitalité, mais dont le revers pourrait être une perte de personnalité. C’est ce qu’appréhendent certains commerçants. Jean-François Ruiz en tête : « Que va-t-on trouver dans ces boutiques ? », s’interroge-t-il, sachant que personne, en réalité, n’aura son mot à dire sur la proposition de ces magasins. « Aujourd’hui, tout le monde joue le jeu, y compris ceux qui ne font pas partie de la SCI », rassure-t-il, tout en insistant, lui aussi, sur l’importance de communiquer autour d’« une offre ciblée et spécialisée : nous sommes tous différents, mais nous avons une volonté globale ». Indispensable, pour que cette histoire d’A... ne finisse pas comme d’autres. 1. Carim : conseil acquisition et rénovation immobilière. La société avait remporté l’appel à projet lancé par Var aménagement développement, concessionnaire chargé par la Ville de la rénovation du centre-ville.