Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Lieutenant Allard-d’Adesky, écrivaine en treillis

Ancien officier de communicat­ion à la BAN d’Hyères, aujourd’hui au 519e GTM d’Ollioules, Laure Allard-d’Adesky est aussi l’auteur de livres pour enfants et de comédies romantique­s

- MA.D. mdalaine@nicematin.fr

Treillis, rangers, béret ; poignée de main ferme et regard assuré. Difficile de s’imaginer qu’on rencontre ce jour-là l’auteure de “Burger Royal”, une comédie à l’eau de rose où une chirurgien­ne tombe amoureuse d’un charmant prince dans un fast-food. Mais Laure Allard-d’Adesky, 33 ans, officier de communicat­ion du 519e Groupe de transit maritime (GTM), est assurément plus complexe que son pas décidé sur le macadam de la base militaire d’Ollioules ne voudrait le faire croire. « J’écris aussi des livres pour enfants », nous annonce-t-elle, dans la salle où l’histoire glorieuse et sanglante de son régiment est résumée entre armes légères accrochées au mur et reliques de combats épiques placées sous verre. « Arthur, mon fils de 4 ans, est ma source d’inspiratio­n. Je voulais pouvoir lui offrir la bibliothèq­ue idéale. Lui faire passer des messages de tolérance, de fraternité, de partage ; lui expliquer la différence aussi… » Métis d’origine rwandaise, anglaise, française et belge, Laure d’Adesky a beaucoup voyagé. Et toujours écrit. « Même petite, même ado, aussi loin que je me souvienne en fait ». Mais elle a attendu 23 ans et un bac +5 avant de s’engager. Ce sera d’abord la Marine et un poste d’officier de communicat­ion à la Base d’aéronautiq­ue navale (BAN) de Hyères. « J’avais de la famille dans l’armée. Porter l’uniforme, servir mon pays… : ce sont des choses qui m’ont toujours intéressée. » Mais encore ? « Vous avez vu le film GI Jane, avec Demi Moore ? Bah voilà, ça a été le déclic » lâche-t-elle dans un éclat de rire.

Mariée avec un pilote d’hélicoptèr­es

Laure est ainsi : drôle, nature. Dotée d’un solide caractère. Il faut bien ça, sans doute, quand on exerce une activité artistique en parallèle d’un métier très masculin… pas franchemen­t réputé pour sa finesse. Le reste n’est que littératur­e ? « C’est l’inverse, corrige-t-elle. Mon métier, c’est l’écriture, même je n’en vis pas encore. Entre les recherches, la rédaction, les démarches administra­tives, les collaborat­ions, c’est ce qui me prend le plus de temps. Dans l’armée de terre, désormais, je ne suis plus que réserviste à raison de 80 jours par an. »

L’écriture et l’armée, si éloignées sur le papier, mais réellement indissocia­bles dans l’esprit de ce soldat irréprocha­ble. Au point, d’ailleurs, que Laure a fini par se marier avec un pilote d’hélicoptèr­es de la BAN. Quand la réalité rejoint la fiction, ça ne s’invente pas : ça se vit. « Je reconnais que j’ai comme un dédoubleme­nt de personnali­té, s’amuse-t-elle. J’ai un côté très franc, très impulsif. Très mec quoi. En ce sens, j’aime beaucoup travailler avec des militaires, qui ne craignent pas de se dire les choses. Et en même temps, il n’y a pas plus fleur bleue que moi. Un cheval qui meurt dans un film, je verse ma larme. Un type par contre… ça dépend ! », pouffe cette Crauroise d’adoption. Et quid du regard de ses frères d’arme sur ses ouvrages ? « Certains m’ont lue, comme le commandant en second du régiment. Ça intrigue les autres. Ils voient plus cela comme un passe-temps. Mais tous sont respectueu­x.» Quant à son fils, « il a compris que sa maman « écrit des choses » et il adore. Il est super fier, surtout depuis qu’on lit mes histoires dans son école. » Vu de loin, la suite logique serait sans doute un ouvrage, romancé ou non d’ailleurs, dont l’action se tiendrait sous les drapeaux. Laure n’est pas aussi catégoriqu­e. « Pourquoi pas mais il faudrait faire attention que ce que j’écris ne soit pas mal perçu par l’institutio­n. C’est vrai, ce pourrait être l’occasion de tordre le cou à pas mal d’idées reçues sur la misogynie dans l’armée : oui c’est un milieu d’hommes, oui il faut s’y faire sa place, mais il y a surtout un objectif commun très noble, et beaucoup plus de franchise et de respect que dans le privé. » Pour l’instant, le rêve de Laure n’est toutefois pas celui du lieutenant d’Adesky. « Mon modèle, c’est J.K. Rowling (1), partie de rien pour connaître un immense succès. Moi, juste, j’adorerais voir quelqu’un lire mon bouquin dans le métro. » Et dans un char d’assaut, ça marche aussi ? 1. L’auteur de la saga Harry Potter, dont les romans traduits en au moins 67 langues, ont été vendus à plus de 450 millions d’exemplaire­s.

‘‘ Vous avez vu GI Jane ? Ça a été le déclic ! ” ‘‘ Mon modèle, c’est J.K. Rowling ”

 ?? (Photo Dominique Leriche) ?? Alors que le troisième roman de Laure Allard-d’Adesky,  ans, est en route chez les éditeurs, cette militaire et jeune maman entend bien poursuivre son devoir sous les drapeaux en tant que réserviste dans l’armée de terre.
(Photo Dominique Leriche) Alors que le troisième roman de Laure Allard-d’Adesky,  ans, est en route chez les éditeurs, cette militaire et jeune maman entend bien poursuivre son devoir sous les drapeaux en tant que réserviste dans l’armée de terre.

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