Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Les signes discrets de la psychose à l’adolescence Psycho
Repérer la souffrance adolescente et s’inquiéter de certains signes : une étape essentielle pour les aider à sortir de ce qui peut être une simple mauvaise passe. Colloque à Antibes
Centre psychanalytique de consultation et de traitement (CPCT) pour adolescents et parents(1). Un lieu rare, créé il y a 10 ans à Antibes, où le seul traitement proposé (gratuitement) est la parole. « Ici, nous ne donnons ni médicaments, ni conseils, mais invitons le jeune à nommer ses souffrances, parce que c’est ainsi qu’il peut commencer à s’en détacher », résume le Dr Frank Rollier, psychiatre et psychanalyste, directeur de ce centre. Avec un objectif majeur : intervenir précocement, avant l’apparition de symptômes graves, ou le « déclenchement » d’une vraie psychose (passage à l’acte, délire etc.). Mais pas question d’entraîner l’ado dans une introspection à long terme. « La durée du traitement est au maximum de quatre mois, une période qui permet de traiter un point de souffrance particulier et qui est aussi adaptée à la situation des adolescents qui vivent sur le rythme scolaire », insiste Franck Rollier.
Des propos qui diffèrent
Mais comment ces adolescents sont-ils arrivés un jour à franchir le seuil de ce centre ? Le plus souvent, c’est la parole d’un adulte, parent, professionnels (infirmière scolaire, éducateurs, assistante sociale…) qui déclenche la demande de consultation. « On a remarqué au collège, ou au lycée que le jeune n’allait pas bien, qu’il venait souvent se plaindre..., cite Franck Rollier. Quand il s’agit plus spécifiquement de jeunes filles, l’infirmière peut avoir noté des plaintes récurrentes du type : “J’ai mal au ventre, mal à la tête...” Lorsque la demande émane de parents, elle est souvent motivée par leur inquiétude de voir leur enfant accro aux jeux vidéos, agité, ou en grandes difficultés scolaires… » Si le parent est invité à accompagner son enfant lors de la première consultation, le jeune est d’abord « entendu » seul. Car, «ses propos “sur ce qui ne va pas” diffèrent généralement de ceux des parents. Le parent évoque chez son enfant un “trop” : “Elle, il est trop agressif (ve), violent (e), dans l’excès au niveau émotionnel...” L’adolescent ne met pas ces mots d’adulte, comme “hyperactif”, “déprimé”... Il va plutôt nous confier : mauvaise image de soi, de son corps. « Certains ados, des filles en particulier, se plaignant d’être “trop grosse”, développent des addictions à la nourriture (boulimie, anorexie). Côté garçons, on retrouve plus fréquemment une addiction à la musculation. Ils ont choisi une image idéale d’euxmêmes, Mais que se passe-t-il au fond chez tous ces jeunes ? « Si chaque cas est particulier, ce que l’on retrouve chez tous ces ados et qui peut inquiéter, c’est la difficulté à faire face aux situations difficiles de la vie : séparation des parents, rupture amicale ou amoureuse, deuil, d’un grand-parent en particulier, sachant que celui-ci joue un rôle souvent très important, il est une référence, un soutien, surtout lorsque le couple parental se défait… » Confrontés à ces situations tristement banales, certains adolescents, plus vulnérables, sont ainsi plongés dans des états d’angoisse intense, ressentent parfois un sentiment de vide très fort ou de dépression insurmontable, et sont privés des moyens de s’en défendre. « Ceux qui arrivent ici, sont en situation de déséquilibre et il faut tenter de ramener un équilibre. En repérant des signes discrets de psychose, avant le déclenchement de manifestations
majeures, en aidant ces jeunes “à reprendre la main”, on peut espérer que ces signes resteront discrets toute la vie et qu’ils ne les empêcheront pas de mener une vie normale. » Au CPCT, l’important est de faire un diagnostic précis et rapide de leur situation psychique – sans poser d’étiquette – pour proposer un traitement adapté à chaque situation. Et il n’est jamais le même. « L’écoute en elle-même est insuffisante. Elle doit tenir compte du fait que si le jeune est très fragile, il n’est pas prêt à aborder certains aspects si le jeune est très fragile, qu’il n’est pas prêt à aborder certains aspects, ou à aller trop loin dans les questionnements... », conclut Franck Rollier. Une manière de rappeler, à tous ceux qui en sont éloignés, combien l’adolescence est une période sensible. 1. Le CPCT Antibes organise aujourd’hui de 14 h 30 à 18 h, à la Maison des associations à Antibes, son 9e colloque sur le thème des « Signes discrets de psychose à l’adolescence », au cours duquel interviendra le Pr. J.-C. Maleval, de l’université de Rennes. Contact : 06.98.26.35.99.