Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Moins de proximité plus de sécurité
À partir de mercredi, seules 33 communes varoises seront habilitées à délivrer la carte nationale d’identité. Un nouveau maillage qui mécontente les communes rurales
Si vous envisagez de renouveler votre carte nationale d’identité (CNI), dépêchez-vous! À compter de ce mercredi 8 mars, seules les mairies équipées d’un « dispositif de recueil » (DR) traiteront ces demandes. Sur les 153 communes que compte le département du Var, 33 à peine, pas une de plus, disposent dudit équipement informatique qui assure « une instruction sécurisée et dématérialisée » des dossiers. Grosso modo, ces communes sont les mêmes que celles qui accueillent déjà depuis quelques années le public pour les demandes de passeport.
Recul des services de proximité
Voulue par l’État dans le cadre du Plan « préfectures nouvelle génération » (en quelque sorte le prolongement de la Révision générale des politiques publiques), cette réforme a un double objectif : raccourcir les délais de traitement et lutter contre la fraude documentaire. Par ailleurs, de substantielles économies ne sont sans doute pas à écarter. Malgré les avantages mis en avant, cette modernisation de la délivrance des cartes d’identité est loin de faire l’unanimité. Notamment chez les élus ruraux. En première ligne de la contestation, on trouve André Guiol, maire de Néoules et président de l’association des maires ruraux du Var (108 communes au total). Si, dans le contexte actuel, il comprend « la nécessité de sécuriser les fichiers d’identité », André Guiol voit surtout dans ce nouveau maillage « un recul des services de proximité, avec le risque de déshumaniser un peu plus les villages ». Lors d’une réunion d’information en préfecture en décembre dernier, André Guiol n’a d’ailleurs pas caché son mécontentement. Le représentant des élus ruraux comprend d’autant moins cette réorganisation que « les démarches d’état civil font partie des attributions clés d’un maire ». Et de soulever la contradiction suivante : « L’informatique est supposée faciliter la vie des gens. Là, elle va la compliquer, obligeant des milliers de Varois à prendre leurs voitures pour faire une demande de carte d’identité ». Mettant en garde contre « le sentiment d’abandon dans les quartiers et le monde rural » qui pourrait pousser leurs habitants à opter pour « l’émeute électorale », André Guiol demande à ce que l’ensemble des communes soient équipées d’un dispositif de recueil (DR) dans les cinq ans.
Saturation prévisible
En attendant, il invite ses collègues maires à aider leurs administrés en les accompagnant dans les démarches de pré-demande de carte nationale d’identité. Dans la commune voisine de Garéoult, la problématique est différente. Habilitée à traiter les demandes de passeport depuis 2009, elle a logiquement été retenue pour les démarches concernant les cartes d’identité. Responsable du service Population à la mairie, Chantal Chiappero s’attend donc à un afflux de demandes. « Pour les passeports, les gens viennent d’Auriol, de Gémenos et même d’Aix-en-Provence. Alors pour les cartes d’identité, on va forcément drainer la population des communes alentours ». Pour éviter la saturation du service, la mairie envisage pour l’instant d’élargir les plages d’accueil du public. Si les communes rurales sont les premières impactées, les grandes villes comme Toulon pourraient également être touchées. Dans une moindre mesure certes. En effet, toutes les mairies annexes ne seront pas équipées du fameux DR. Mais le cas le plus délicat est celui des personnes dans l’incapacité de se déplacer. S’il était facile de se rendre dans les maisons de retraite avec un tampon encreur, la prise d’empreintes s’annonce plus compliquée. Même si le Var dispose d’un dispositif de recueil mobile. 1. En charge de l’état civil entre autres, Marcelle Ghérardi, adjointe au maire de Toulon, n’a malheureusement pas été en mesure de nous répondre dans le temps imparti.