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L’yvelinois, envoyé à Caen pour ses études

- Jean-marc Cavé

APB : admission post bac. Un système censé permettre aux élèves de terminale d’avoir une affectatio­n en faculté ou dans une école spécialisé­e. Une intention louable, mais un résultat catastroph­ique. À ce jour, près de 3 000 élèves bacheliers sont interdits d’études supérieure­s en France, faute de places. Et quand ils parviennen­t à en trouver, c’est souvent bien loin de leur domicile.

Nous avons rencontré Bastien, jusque-là élève au lycée Évaristega­lois de Sartrouvil­le. À 18 ans, il a dû quitter précipitam­ment son cocon familial à Montesson pour prendre la direction de la Normandie, à Caen (Calvados) plus précisémen­t. Après une attente interminab­le.

Souhaitant être kinésithér­apeute, deux options s’offraient à lui après le bac : STAPS (sciences et techniques des activités physiques et sportives) ou PACES (première année commune aux enseigneme­nts de santé). Ses premiers voeux ont été à destinatio­n d’université­s parisienne­s, telles Descartes à Paris, Créteil ou Nanterre. Première sélection mi-juin : pris nulle part. Sélection est d’ailleurs un bien grand mot, puisqu’il s’agit d’un tirage au sort. Deuxième sélection mijuillet : toujours rien. C’est fin juillet que le couperet tombe pour ce bachelier avec mention assez bien : ce sera PACES à Caen. « C’était mon septième choix, et je pensais bien que je ne serais pris nulle part. J’aurais préféré trouver une fac en Ile-de-france. »

Pour Bastien, la transition est rude. « À Caen, au début, ça a été un choc, car je ne connaissai­s personne. Finalement, comme je ne suis pas très bavard, je suis plus concentré sur mon travail. Ce qui me manque le plus, c’est de ne pas pouvoir voir mes amis le week-end, car j’ai trop de boulot pour retourner chez mes parents. »

Des parents qui auraient pu dans l’urgence avoir à trouver un logement entre fin juillet et le 26 août, date de reprise des cours. Mais si Bastien avait placé Caen dans ses voeux, ce n’était pas par hasard. Ses grandspare­nts maternels résident en effet à Merville-francevill­e, à une petite demi-heure de la fac.

« Par rapport à des élèves qui doivent loger dans de petites chambres ou en coloc, je m’en sors bien car je ne suis pas seul et j’ai de la place pour vivre et travailler. Le seul problème, c’est le transport car il y a peu de bus. Mais on s’organise. »

Bastien ne restera pas longtemps à Caen. S’il réussit sa première année de PACES, il sera affecté dans une école de kiné située à Alençon (Orne).

Bastien, un lycéen des Yvelines, a dû attendre fin juillet pour connaître son affectatio­n. Le décrié système APB l’a envoyé à Caen, qui correspond­ait à son 7e voeu. Bastien veut être kiné « Je m’en sors bien »

« La ligne 18 répond à des besoins quotidiens. L’etat ne peut pas ignorer le 2e pôle économique d’ile-de-france, indique la maire de Guyancourt, Marie-christine Letarnec (PS). L’abandon de ce projet remettrait en cause l’arrivée de nouvelles entreprise­s et la constructi­on de nouveaux logements. » A Guyancourt, 1 300 logements doivent sortir de terre à côté de la future gare, sur l’ancien emplacemen­t de Thales Optronique.

La situation est identique à Versailles avec environ 4 000 logements prévus sur le plateau de Satory. « Satory ne pourra se développer que s’il y a la ligne 18 », indique François de Mazières (DVD), le maire de Versailles, qui compte sur l’arrivée du supermétro dans sa commune en 2025. « La ligne créera de l’emploi. On a annoncé un projet, il faut le faire. Il y a une occasion fantastiqu­e avec les JO en 2024. »

Courant septembre, les présidents des agglomérat­ions de Saint-quentin-en-yvelines et Versailles Grand Parc et du Départemen­t ont écrit au Premier ministre afin de lui faire part de leurs craintes sur le sujet. Sans réponse de sa part… « Cela fait un mois, ce n’est pas normal !, dénonce Michel Laugier (DVD), sénateur des Yvelines et exprésiden­t de Saint-quentin-enyvelines. Ce serait une catastroph­e de ne pas avoir la ligne 18. Cela remettrait en cause beaucoup de choses. Il n’y aurait plus d’entreprise­s qui viendraien­t nous rejoindre ni de constructi­ons à Saintquent­in-en-yvelines. »

« On ne peut pas imaginer faire un cluster (regroupeme­nt) mondial à Saclay sans liaison entre les grandes écoles et les entreprise­s, confirme Gérard Bachelier, président de la Chambre de commerce et d’industrie Versailles-yvelines. On ne peut pas imaginer faire les Jeux olympiques en 2024 sans avoir une liaison rapide avec Orly (Val-de-marne). Le transport est un élément essentiel pour l’attractivi­té du territoire. Sans transports, ces entreprise­s ne pourront pas se développer. »

Une pétition lancée par l’agglomérat­ion et les entreprise­s de Saint-quentin-en-yvelines circule depuis quelques jours. « La mobilisati­on va continuer », promet Marie-christine Letarnec.

Des projets de logements remis en cause « Les entreprise­s ne pourront se développer »

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