NE CROYEZ SURTOUT PAS QUE JE HURLE

FRANK BEAUVAIS (EN SALLE LE 25 SEPTEMBRE)

Frank Beauvais est, sinon une anomalie tout du moins une énigme dans le cinéma actuel. Et c’est tant mieux. Insaisissable car multipliant les casquettes (réalisateur d’une dizaine de courts métrages, chef opérateur, consultant musical, acteur), ce presque quinqua a, comme beaucoup d’artistes de sa génération, passé sa vie a essayer de survivre en ne reniant rien de ses ambitions. En d’autres termes, il en chie depuis des années. Réfugié économique dans la campagne moribonde de l’est de la France, ce cinéphage avide qui regarde prés de 5 films par jour propose donc un premier long métrage éminemment politique qui retrace l’état actuel de la France par le biais de ses questionnements existentiels. Quand la petite histoire fait écho à la grande. Journal filmique d’un être aussi paumé que le pays qu’il habite, ce film de montage composé exclusivement d’extraits de plus de 400 films visionnés entre avril et octobre 2016, est peut-être le meilleur document sur l’époque qu’on ait vu depuis longtemps. Liées par le monologue poignant que Beauvais récite sur son montage, ces bribes visuelles qui font mouche à chaque fois, questionnent non seulement notre rapport à l’image mais avant tout notre rapport au monde. Un essai qui rappelle la démarche de Godard avec son Livre d’image, la dimension politique et actuelle en plus. Une véritable claque.