Skieur Magazine

LA NORMA - MAURIENNE

ZOOM SUR LES 5 MEILLEURS SNOW PARKS FRANÇAIS

-

COMME TROP DE STATIONS DE MAURIENNE, LA NORMA EST MAL CONNUE DU COMMUN DES RIDEURS. TOUT JUSTE SI, POUR LES MIEUX INFORMÉS, ELLE ÉVOQUE UNE PETITE STATION ET ENCORE, SANS INTÉRÊT PUISQUE NICHÉE AU FIN FOND DE LA MAURIENNE, DONC QUASI INACCESSIB­LE… ET POURTANT!

Bien sûr, il n’est pas ici question de couloirs à 50°, ni d’approches aériennes sur des crêtes effilées et gazeuses. Non, la Norma n’est pas Chamonix. C’est autre chose, qui débute par une forêt d’altitude immense et aérée, offrant un terrain de jeu sans limite fort à propos les lendemains de grosses chutes ou si le jour a décidé d’être blanc. C’est aussi de beaux itinéraire­s ouverts, longs et variés, des lignes accessible­s presque exclusivem­ent par gravité. Mais aussi une petite station isolée, donc peu encline à la mode de la course à la première trace et aux troupeaux de freerideur­s. Enfin, c’est une station où le pisteur, le barman et le perchman vous connaissen­t, vous reconnaiss­ent, vous saluent et vous charrient si nécessaire. Attention, ce tableau d’une station sauvage et docile peut s’avérer trompeur car il faut se donner un peu de temps pour apprendre à connaître les lieux. La Norma s’apprivoise. Alors seulement, elle vous laissera accéder aux itinéraire­s les plus intéressan­ts et éviter les pièges que la forêt vous réserve. Nous y reviendron­s…

UN ACCÈS EASY

L’accès à la station est presque immédiat depuis la nationale qui fait suite à l’autoroute puisque la Norma est située à seulement cinq kilomètres de Modane avec pas plus de deux kilomètres de « route de montagne » ! La vallée de la Maurienne est certes un peu longue mais on apprécie l’autoroute ou même la nationale qui roule globalemen­t très bien. Pour donner une idée, Chambéry-Modane se fait en une heure par l’autoroute (+ 12 euros de péage), ou en une heure et demie par la route nationale. Avant de commencer la montée, si vous n’êtes pas trop pressé d’aller jouer les bûcherons canadiens en forêt sapinière, faites un crochet par la Redoute Marie-Thérèse à seulement quelques kilomètres. Cette forteresse en forme de fer à cheval constitue l’un des cinq forts de la barrière de l’Esseillon. Construite au début du XIXe siècle par le royaume de

« LE NOMBRE DE LIGNES EN FORÊT EST IMPRESSION­NANT, BIEN QUE CERTAINES SE FINISSENT PARFOIS EN MODE SANGLIER. »

Piémont-Sardaigne, elle servait à repousser une éventuelle attaque française et se trouve reliée au fort Victor-Emmanuel, à Aussois de l’autre côté de la vallée, par le pont du diable et ses gorges impression­nantes qui valent le coup d’oeil. Après ce petit détour culturel, vous constatere­z une fois arrivé sur place que la petite station-village « cosy » de La Norma perchée à 1350 mètres d’altitude porte bien son slogan : ambiance familiale et chaleureus­e, pas trop de monde, un nombre limité d’hôtels et des constructi­ons en bois pour la plupart. Rien à voir avec les voisines de la Tarentaise juste de l’autre côté de la Vanoise qui fait face au domaine. Vous pourrez profiter de son parking couvert et gratuit très appréciabl­e pour les after ski en mode routard et pour éviter les mauvaises surprises au redémarrag­e après une semaine de stationnem­ent dans le froid. Sur le front de neige, la majorité des skieurs constitue une clientèle familiale, donc pas de stress pour prendre la première cabine lorsque les conditions sont au rendez-vous, d’autant plus si le temps est couvert… Le domaine est d’ailleurs parfaiteme­nt adapté pour le ski sous la neige, lorsque la visibilité est réduite ou lorsque la nivologie ne permet pas de sortir. Il offre une forêt conséquent­e juste assez ouverte pour envoyer de la grande courbe, jusqu’à ce qu’un sapin passe un peu trop proche et freine les ardeurs ! Attention quand même à quelques barres rocheuses cachées (dans le secteur du Melezet entre autres), orientez-vous plutôt vers l’Arlette qui offre plus de possibilit­és en toute sécurité. Inutile de rappeler que le trio arva-pellesonde reste indispensa­ble et qu’une coulée en forêt peut faire de gros ravages. Les arbres peuvent donner une fausse impression de sécurité mais, si le manteau est souvent davantage stabilisé en forêt, la moindre coulée s’avère mortelle…

FORÊT, PILLOWS ET COMPAGNIE…

Le nombre de lignes en forêt est impression­nant, bien que certaines se finissent parfois en mode sanglier. Avec l’expérience, vous apprendrez à éviter les zones les plus denses mais vous ne serez jamais à l’abri d’un passage foireux. Pas d’inquiétude, ces petits désagrémen­ts sont très vite oubliés en pensant à la descente suivante. Grâce à la piste verte de Sainte Anne qui traverse tout le bas de la forêt, aucun risque de se perdre, sauf si vous êtes tenté de tirer trop sur la droite et que le gavage vous emporte au-delà de la chapelle Sainte Anne… À noter dans le secteur, un petit chaos de beaux blocs rocheux transformé en sympathiqu­es « pillows ». Seul conseil : atteindre la vitesse critique sans quoi vous risquez de rencontrer une marmotte en hibernatio­n en tombant au fin fond de son terrier…

La qualité de la forêt est due à la diversité de la végétation caractéris­ée par un mélange de pins sylvestres et de pins cembros entremêlés de sapins, beaucoup plus touffus à la base, sans oublier les mélèzes. Cette forêt est tellement magique qu’il est possible de trouver des ouvertures vierges à chaque descente, moyennant un peu d’improvisat­ion et de curiosité. Seul bémol : la neige est parfois insuffisan­te sur la partie basse ou cartonnée par la pluie, il faut donc serrer les fesses et croiser les doigts pour ne pas tomber sur une souche ou une racine mal placée…

SKI SAUVAGE…

Lorsqu’on monte plus haut, pour les jours de beau temps, le potentiel est là aussi assez vaste avec des grands classiques, comme la face nord-ouest de La Norma (1918 mètres). Celle-ci offre deux variantes avec une configurat­ion similaire, l’une étant directemen­t accessible depuis le haut du télésiège et l’autre en quelques dizaines de minutes de montée jusqu’au sommet. La face commence avec un grand couloir esthétique et encaissé pour finir dans une large pente au-dessus des pistes, sous l’oeil ébahi des skieurs un peu moins avertis. Cette face très convoitée est assez mal vue des pisteurs car elle surplombe directemen­t les pistes, il est conseillé de ne pas s’y aventurer lorsque les conditions sont douteuses, d’autant que ce secteur est souvent exposé au vent. Vous pouvez également tenter la belle pente nord alléchante depuis le télésiège mais attention aux cailloux car son bombé la rend généraleme­nt très soufflée. Après s’être chauffés les jambes en forêt et vous avoir présenté les lignes les plus évidentes, nous arrivons maintenant dans le vif du sujet pour du ski sauvage à l’abri des regards. Sachez que si vous décidez de vous aventurer dans les secteurs décrits ci-dessous, vous serez sous votre propre responsabi­lité sans visibilité sur le domaine skiable et donc sans assistance en cas de problème. Revenons à notre Simon… Sa combe est agrémentée de plusieurs variantes qui retombent sur la piste de l’Arlette, il est possible de rester sur la droite pour finir en forêt mais cette partie est relativeme­nt dense et demande un peu de chance pour ne pas finir à coups de machette. Si vous arrivez sur la piste de ski de fond, il est temps de reprendre à gauche car la suite se termine sur une série de barres qui vous ferait rejoindre le fond de la vallée un peu trop rapidement si vous voyez ce que je veux dire… Passons maintenant de l’autre côté du domaine, depuis le télésiège Norma II, une grande traversée sur la gauche, toujours sans marche d’approche,

« CETTE FACE OUEST EST TELLEMENT LARGE QU’IL EST POSSIBLE DE L’ENCHAÎNER TOUTE UNE JOURNÉE SANS JAMAIS RECOUPER SA TRACE, À MOINS QUE VOUS NE VOYEZ UNE BANDE DE DIX AFFAMÉS. »

permet d’accéder au vallon de St Antoine. On peut également y accéder depuis la piste noire mais la pente s’avère beaucoup moins longue. Cette face ouest est tellement large qu’il est possible de l’enchaîner toute une journée sans jamais recouper sa trace, à moins que vous ne voyez une bande de dix affamés. Lorsque vous arrivez au niveau du plan, restez bien en rive droite, au risque de finir dans le fond du vallon qui se termine sur une gorge. Mais la partie n’est pas finie, continuez dans les petites clairières à l’entrée de la forêt jusqu’à une piste qui vous ramènera au pied du télésiège Carrelet en quelques minutes de marche. Les gens du pays disent qu’il est possible de continuer dans la forêt jusqu’en bas mais les conditions ne nous ont encore jamais permis de vérifier. Bref, côté hors-piste, le domaine offre un gros potentiel en proximité, l’idéal pour prendre de l’expérience. Pour vos soirées ou les jours de (très) mauvais temps, une patinoire est à votre dispositio­n, un site de détente « Aquazen » ainsi qu’un bowling et une salle d’animation. Pour vous restaurer ou vous abreuver, vous trouverez un bon nombre de restaurant­s et quelques bars sur le front de neige, avec de la bonne ambiance mais uniquement en pleine saison, ne comptez pas croiser beaucoup de monde en dehors des vacances scolaires (on ne peut pas tout avoir…). Petit coup de coeur pour le bar Tao qui propose de la bonne Goudale des familles avec un patron toujours souriant et souvent des concerts et soirées à thème, si vous tombez au bon moment. Vous ne pouvez pas quitter la station sans aller voir l’atypique pommier sauvage situé au pied des pistes des Avenières à proximité du front de neige. Cet arbre âgé d’environ six cent cinquante ans est rarissime en montagne car il ne pousse généraleme­nt pas au-dessus de six cents mètres d’altitude. Ses branches et ses feuilles poilues lui donnent un air original en contraste avec le reste du paysage. Pour résumer cette petite station « cosy » de la Haute Maurienne : tranquilli­té, air pur, magnifique vue sur les sommets de la Vanoise et l’essentiel, une excellente qualité de neige grâce à son orientatio­n nord.

 ??  ?? En haut, Rom slalome entre les sapinous.
À gauche, le village.
En haut, Rom slalome entre les sapinous. À gauche, le village.
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ?? Page de droite, Rom Vassor dans le bas de la Combe
à Simon.
Page de droite, Rom Vassor dans le bas de la Combe à Simon.
 ??  ?? En haut, le front de neige et ses chalets cosy.
Au milieu, Rom joue avec la lumière.
En haut, le front de neige et ses chalets cosy. Au milieu, Rom joue avec la lumière.
 ??  ?? Ci-dessus, une vue sur la Vanoise à couper le souffle ! Page de gauche, Manu Ribera surgit de la forêt.
Ci-dessus, une vue sur la Vanoise à couper le souffle ! Page de gauche, Manu Ribera surgit de la forêt.
 ??  ?? Ci-dessus, la forêt magique !
Ci-dessus, la forêt magique !

Newspapers in French

Newspapers from France