Erik Johansson
Passionné de photographie et d’informatique depuis le plus jeune âge, cet artiste suédois invente des mondes imaginaires truffés de clins d’oeil surréalistes. Point d’IA générative ici, car il tient à tout photographier lui-même pour préserver un certain effet de réalité.
Sous une belle lumière de fin de journée qui vient caresser les champs de blé et nimber de flare l’objectif de l’appareil photo, se déroule une scène des plus surréalistes. Au beau milieu de la campagne, un bouchon s’est créé à l’intersection de trois chemins de terre. Des automobilistes excédés sortent de leur véhicule pour s’arroger la priorité comme sur le parking d’un hypermarché. La situation semble inextricable. Intitulée non sans ironie “You First” (que l’on pourrait traduire par “Après vous” en français), cette image allégorique pointe en réalité notre profonde tendance au “Me first” (“Moi d’abord”). “Au quotidien, nous plaçons généralement nos intérêts personnels en priorité, avant de penser à ceux des autres. Mais dans une telle situation, comment pourrions-nous résoudre le problème ?” se demande le photographe. Né en Suède en 1985, Erik Johansson est un artiste basé à Prague qui crée des paysages surréalistes composés de prises de vues réelles, ensuite assemblées et triturées. Il imagine ainsi des scènes à l’aspect photographique, souvent truffées de détails à observer en très grand format, mais à la logique incohérente, comme dans un monde parallèle où nos rêves deviendraient paysages : une route à la pente plus qu’exagérée, un pont à la perspective impossible, une pleine lune se transformant en réverbère ou un mouton en nuage… “La scène a été photographiée non loin de mon village natal, près de Götene, dans la campagne suédoise, nous explique Erik. Les douze voitures les plus proches ont été photographiées sur place, telles que vous les voyez ici, mais pour des raisons pratiques, la file de voitures la plus éloignée a été prise à un endroit différent, sous la même lumière et la même perspective, puis elle a été combinée en postproduction.”