Sigma 14 mm f/1,4 DG DN|Art
Vers de nouveaux horizons
Avec ses 15 cm de long pour 10 cm de diamètre maximal et ses plus de 1 kg, le 14 mm f/1,4 DG DN|Art est loin d’être un poids plume et un objectif que l’on place dans sa sacoche photo “au cas où”. Certes, il est de 2/3 IL plus ouvert que le Sony FE 14 mm f/1,8 GM vendu au même prix, mais il est aussi pratiquement trois fois plus lourd! Sigma a néanmoins oeuvré à en faire un objectif fonctionnel à la prise en main confortable. Il dispose pour cela d’un collier de pied avec une embase au format Arca-Swiss qui facilite son montage sur un grand nombre de trépieds et s’accompagne d’une housse de transport semi-rigide équipée d’une sangle de portage. Sa fabrication est elle aussi très soignée. Elle repose sur une structure composée de matériaux légers comme le polycarbonate TSC (Thermally Stable Composite) et robustes comme le magnésium, comporte des joints d’étanchéité au niveau des bagues et des différents commutateurs et comprend un pare-soleil intégré qui protège correctement la lentille frontale bombée, dont la surface est recouverte d’un traitement hydrofuge et oléofuge. Si le pare-soleil exerce surtout un rôle de protection contre les chocs et les traces, les excellentes performances du traitement antireflet des lentilles sont aussi à souligner. L’objectif résiste bien au flare, affrontant les rayons du soleil en plein jour comme les sources artificielles de nuit, et le diaphragme circulaire à 11 lamelles produit un joli effet d’étoiles à 22 branches lorsqu’il est utilisé à de petites ouvertures. Si la distance minimale de mise au point n’est pas assez faible pour dépasser un grandissement de 0,08×, elle
De 2/3 IL plus lumineux que le Sony 14 mm, cet ultra-grand-angle Sigma pensé pour les hybrides 24×36 en monture E ou L ne possède tout simplement pas d’équivalent. Performant et agréable à utiliser, il ne souffre que d’un encombrement et d’un poids très importants.
est également à mettre au registre des avantages de l’objectif, qui pourra servir tant pour des paysages nocturnes que des intérieurs avec un premier plan net. Le bokeh est doux et harmonieux, et ses bulles sont circulaires et uniformes. Ne pouvant recevoir de filtre vissant compte tenu de la forme de sa lentille frontale, ce 14 mm dispose d’un logement arrière pour des filtres en gélatine. Sigma lui a aussi adjoint un capuchon avant spécifique qui, outre une forme adaptée à celle de l’objectif et de son pare-soleil intégré, est doté de deux logements pour accueillir ses filtres en gélatine. À l’instar du 20 mm f/1,4 sorti l’année dernière, également pensé pour l’astrophotographie, ce 14 mm adopte une forme compatible avec l’utilisation d’un système chauffant, qui restera bien maintenu sans entrer dans le champ de l’image. Il possède en outre une touche de raccourci AFL à laquelle il est possible d’assigner différentes fonctions, un commutateur de mise au point pour agir vite et une bague de réglage des ouvertures dont le crantage peut être supprimé pour un fonctionnement continu et sans à-coups. Attention juste au focus breathing important si vous
envisagez de vous en servir en vidéo. La motorisation autofocus linéaire HLA (High-response Linear Actuator) est fluide, rapide et parfaitement silencieuse et reste compatible avec la retouche manuelle du point. L’objectif dispose également d’une bague de mise au point manuelle précise et agréable grâce à une friction bien dosée. Robuste, ergonomique et confortable, ce 14 mm présente surtout une excellente qualité d’image. Intégrant 8 lentilles spéciales pour un total de 19, dont 1 lentille à très faible dispersion et 3 en verre “F” Low Dispersion – la marque indique que leurs propriétés sont comparables à celles de la fluorite –, il ne montre aucune aberration chromatique visible et affiche une distorsion en barillet pleinement maîtrisée malgré son ultra-grand-angle. Il est rare, maintenant que les fabricants se reposent de plus en plus sur les corrections logicielles des appareils, de constater un aussi bon comportement de manière native. Si le vignetage est un peu marqué – pratiquement 2 IL sans les corrections logicielles et 1 IL ensuite –, il baisse rapidement dès lors que l’on ferme le diaphragme à f/2 et n’est en rien un frein à l’usage.
Toute la définition du capteur
Quant au piqué, il est tout simplement excellent. Les quatre lentilles asphériques assurent une bonne correction des aberrations, garantissant une haute qualité d’image dès la pleine ouverture. Au centre, nos mesures réalisées avec le Sony A7R III équipé d’un capteur 24×36 de 42,4 MP font état d’une résolution par faible contraste de 90 pl/mm à f/1,4 et de plus de 100 pl/mm à toutes les ouvertures suivantes. Même à f/16, l’ouverture minimale accessible, elle reste élevée. Logiquement, la courbure de champ et nos conditions de test à faible distance sur une mire plan engendrent une diminution de la résolution dans les coins. Elle demeure néanmoins très bonne avec une mesure maximale de 70 pl/mm quand dans les mêmes conditions le Sony 14 mm f/1,8 ne dépassait jamais les 60 pl/mm. Enfin, par fort contraste, l’objectif s’est tout simplement montré suffisamment bon pour exploiter toute la définition de notre capteur, au centre et sur les bords, à toutes les ouvertures. Excellent et plus lumineux que le modèle de Sony pour un tarif comparable, ce 14 mm Sigma n’a donc à nos yeux qu’un seul vrai défaut, celui de son poids et de son encombrement importants. Mais cela vaut le coup de composer avec.